Maroc : L'étrange discrétion médiatique de Abdelilah Benkirane

C'est inédit. L'intervention du chef du gouvernement à l'occasion de la présentation, hier soir, des candidats de son parti à Rabat aux élections législatives n'a pas été postée sur les réseaux sociaux par les jeunes du PJD. Même le site d'actualité de la Lampe est resté silencieux.

Alyaoum24.com, proche du PJD, attribue cette non-couverture de l'ensemble des médias du parti à des ordres émanant d'Abdelilah Benkirane en personne. Apparemment, poursuit la même source, il n'aurait pas souhaité fournir des armes à ses opposants pour l'accuser de mener une campagne électorale avant son lancement officiel, prévu le 24 septembre.

Une cure de silence

Cependant, le mercredi 7 septembre, à l'occasion de la présentation par le PPS du bilan des actions de ses ministres aux deux gouvernements Benkirane, il n'a pas hésité à prendre la parole pour encenser la "résistance" de Nabil Benabdellah et de ses camarades aux pressions des "forces du contrôle". Et de marteler que leur alliance transcende les clivages et les conjonctures politiques, affirmant que les deux partis sont décidés à poursuivre leur coordination que ce soit au sein de la majorité ou dans les rangs de l'opposition.

Après cette intervention, chaleureusement applaudie par une assistance largement acquise puisqu'elle est composée de militants du PPS, Benkirane replonge de nouveau dans le silence. Sa traditionnelle allocution de trois à quatre minutes prononcée avant le début de chaque conseil de gouvernement était la grande absente de la réunion de l'exécutif du jeudi 8 septembre. Qu'est ce qui a changé en l'espace de vingt-quatre heures pour ce revirement ? Serait-ce en lien avec ses propos sur les "adversaires" qui s'opposent "aux personnes qui font de la politique avec honnêteté"?

Hier soir devant ses "frères" du secrétariat régional du PJD de Rabat, Abdelilah Benkirane a endossé l'habit du prédicateur pour justement revenir sur ce mutisme. Sur un ton empreint de soufisme, il a déclaré que "même son silence est parole" mais sans révéler publiquement les raisons de sa position. Et d'annoncer qu'il a "choisi le commerce avec Allah", rapporte alyaoum24.com. Une manière indirecte pour dire que ses opposants ont opté pour une autre voie.