Le Maroc est déterminé à poursuivre l’«assainissement» de la zone de Guerguerate. C’est l’idée centrale de l’exposé présenté hier par le ministre de l’Intérieur Mohamed Hassad, à l’occasion de la réunion du conseil du gouvernement. L’opération est menée «dans le strict respect des dispositions relatives au cessez-le-feu, en particulier l’accord militaire numéro 1», a-t-il précisé.
Le Royaume répond ainsi à la «note confidentielle» du département des opérations de maintien de la paix à l’ONU remise aux membres du Conseil de sécurité, accusant le Maroc d’avoir violé le cessez-le-feu du 6 septembre 1991. Le ton de la réponse marocaine laisse entendre que Rabat est dans une meilleure position par rapport à la situation qui prévalait il y a six mois, lors de l’expulsion d’environ 80 agents de la Minurso.
Le fils d’un «ministre» du Polisario impliqué dans un réseau de drogue
L’opération «intervient en raison du danger d'insécurité dans cette région qui connaît la prolifération du trafic et du commerce de drogue et d’autres commerces illicites, outre les entraves qui se dressaient devant la fluidité de la circulation à destination de la Mauritanie», a souligné Mohamed Hassad.
Quelques heures après l’exposé du ministre de l’Intérieur, un communiqué de la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) a annoncé que la Brigade nationale de police judiciaire a ouvert une enquête jeudi suite au démantèlement d'un réseau de trafic international de drogue ayant des liens avec des personnes originaires de Tindouf.
Cette affaire remonte à la semaine dernière, lorsque des unités des Forces armées royales (FAR) déployées au niveau du mur de sécurité à 280 km du sud-est de Boujdour ont réussi à mettre en échec une opération de trafic d’une grande quantité de drogue. Quatre personnes ont été interpellées et 500 kg de chira saisis.
Les investigations, ajoute la même source, ont révélé que les accusés sont originaires de Tindouf et ont des liens avec le Polisario. Parmi eux figure notamment Majidi Ida Ibrahim Hamim, fils Ida Ibrahim Hamim, ex-wali du camp «Es-Smara» à Tindouf et actuel «ministre du développement» à la «RASD».
La fin de la lune de miel entre le Polisario et Ban Ki-moon ?
Dans un message adressé à la direction du Polisario, Mohamed Hassad a souligné que «le gouvernement affirme qu'il est mobilisé et avec lui toutes les forces vives et l'ensemble du peuple marocain autour de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu l'assiste, pour faire face à toutes les provocations et manœuvres».
Justement, du côté du camp Rabouni, l’heure est également à la mobilisation. M’Hamed Khadad, le coordinateur avec la Minurso, demande au Conseil de sécurité d’autoriser l’installation de checkpoint à Guerguerate. Les autres responsables multiplient quant à eux les sorties médiatiques. Son représentant en Algérie a déclaré à l’agence Reuters que son mouvement «fera tout pour stopper le bitumage de la route par les Marocains ». Dans un long entretien accordé au quotidien algérien El Khabar, il a menacé de reprendre les armes si les Nations unies ne parviennent pas à contraindre le royaume de retirer ses forces de la zone.
D’après les déclarations de Bouchrya Beyoun, ex-représentant du Polisario en Espagne, il semblerait que la nouvelle direction du Front n’apprécie guère la position prudente de Ban Ki-moon sur l’affaire Guerguerate. Le secrétaire général a montré peu d'engagements dans la défense des thèses du Polisario, comme il avait pu le montrer au Conseil de sécurité six mois auparavant.