Des unités des Forces armées royales (FAR) ont pénétré dans la zone tampon communément appelée «Kandahar», située non loin du poste frontalier de Guerguerate. Ce bout de terre long de 7 kilomètres fait office de haut lieu de trafic en tout genre, notamment de voitures et de drogue. «L’opération aurait permis de saisir des centaines de véhicules et l’arrestation de présumés membres du Polisario», nous confie une source à Dakhla.
Le timing de cette action intervient alors que les relations maroco-mauritaniennes sont extrêmement tendues. A notre question de savoir si l’armée marocaine projette d’avancer sur Lagouira, notre interlocuteur apporte une réponse laconique : «il est difficile pour le moment d’y apporter une réponse exacte», dit-il. Et d’ajouter qu’ «il y a des paramètres géostratégiques et des contraintes internationales. Je me réfère ici aux relations avec les Nations unies et aux éventuelles réserves de Washington à prendre en considération la récupération toute légitime de Lagouira».
Le Polisario saisit la Minurso
L’opération menée par les FAR est particulière. Et pour cause, elle se déroule dans une zone située au-delà du mur de sécurité, d’où l’ire de la direction du Polisario. Hier, le Front a convoqué le chef de la délégation de la Minurso (Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental) installé à Tindouf pour lui faire part de ses «vives protestations», suite à ce qu'il désigne comme étant la «violation marocaine du cessez-le-feu» conclu entre les deux parties sous l’égide de l’ONU en septembre 1991, indique son agence de presse.
Le Polisario déplore que la Minurso n’ait pas pris les mesures adéquates pour interdire aux unités des FAR de pénétrer dans la zone de «Kandahar». Et de rappeler qu’il s’agit d’une «zone tampon» placée sous la tutelle de l’ONU. La sortie du Polisario peut paraître assez étrange alors que le mouvement séparatiste effectue des manœuvres militaires et organise des congrès et des cérémonies dans les autres parties de la «zones tampon» du Sahara occidental sans que les Nations unies ne lèvent le petit doigt.
Le Front a ainsi demandé au fonctionnaire de la Minurso la protection des Nations unies. Pour l’instant, l’ONU n’a pas encore pris position. La réaction des services de Ban Ki-moon vis-à-vis de l’opération des FAR et de la demande du Polisario donnera sans doute un aperçu de l’état des relations entre l’ONU et le Maroc.