Menu

Grand Angle

Mohamed Tozy : « Ces mouvements de jeunes peuvent se greffer sur beaucoup de réalités sociales »

La question de savoir si les révoltes et révolutions qui touchent le monde arabe actuellement s’arrêteront aux portes du Maroc ou non anime la presse marocaine et internationale. Pour le politologue marocain Mohamed Tozy, spécialiste des mouvements religieux et du système politique au Maroc, il est trop tôt pour trancher. Sur beaucoup de critères, le Maroc a de meilleures dispositions que ses voisins pour gérer des crises sociales. Mais des mouvements de jeunes se basant sur des réseaux sociaux peuvent se greffer sur beaucoup de réalités, et le mouvement du 20 février en est un exemple.

Publié
DR
Temps de lecture: 3'

Y aura-t-il une «exception marocaine» ? La révolution du papillon dans le monde arabe s'arrêtera-t-elle aux portes du Royaume ? 

«Objectivement, le Maroc a les moyens de gérer une contestation sociale», estime Mohamed Tozy, chercheur du Laboratoire Méditerranéen de sociologie de l'université d'Aix-en-Provence. Les réformes entamées depuis le début du nouveau millénaire illustrent une capacité de répondre à des demandes sociales. D'autre part, une certaine pluralité dans le système politique permet une plus grande compétition d'idées et d'intérêts qu'en Tunisie sous Ben Ali ou encore en Egypte sous Moubarak. S'ajoute à cela une «expérience dans la gestion de manifestations», ce qui fait dire au politologue que le Royaume a une «marge» qui lui permettrait de répondre efficacement à d'éventuelles contestations.

Mais d'un autre côté, le Maroc a «les mêmes structures démographiques, mêmes demandes des jeunes sur le marché du travail» qu'en Tunisie par exemple, explique le chercheur. La corruption sévit au Maroc comme elle sévit en Tunisie et en Egypte; d'ailleurs, l'indice de perception de la corruption 2010 de Transparency International, classait le Maroc (85e) entre la Tunisie (59e) et l'Egypte (98e).

Par ailleurs, l'insatisfaction avec la politique marocaine est grande. Les syndicats et partis politiques n'ont pas une base sociale très importante au Maroc, le niveau élevé d'abstentions aux dernières élections législatives l'illustre. Et ils sont surtout détachés de la jeunesse marocaine. «Il y a un vrai problème de gouvernance et cela peut provoquer des expressions de contestation populaires aussi violentes que ce qu'on a vu en Tunisie», estime ainsi M. Tozy. En cela, il n'y a pas lieu de parler «d'exception marocaine».

De plus, le politologue insiste sur le fait qu'une contestation ne se base pas seulement sur des réalités objectives. Nombreux sont les facteurs subjectifs qui poussent des personnes à manifester. Pour cela, il est important de connaître la situation de ceux et celles qui seraient à même de descendre dans la rue. Et dans ce sens, le chercheur estime que la contestation dont le principal vecteur sont pour le moment Facebook et des vidéos Youtube, est surtout l'expression d'une «nouvelle classe moyenne»

Une nouvelle classe moyenne, axée sur internet

Cette classe moyenne, on ne doit pas la considérer de manière «classique» et purement économique. Considéré ainsi, elle serait négligeable, car avec une grande disparité de revenus au Maroc, la frange de personnes aux revenus intermédiaires reste très limitée. Mais Tozy considère cette classe moyenne plutôt par un accès individualisé à l'information, surtout à travers internet. Plusieurs millions de Marocains entrent ainsi dans le cadre de l'analyse, pour la plupart des jeunes.

Le chercheur explique cette redéfinition par le fait qu'internet, outre son rôle de source d'information, rend possible une nouvelle forme d'expression et de mobilisation. Les réseaux sociaux, forums et surtout Facebook, peuvent «regrouper des intérêts individuels très variés», explique Tozy.

La mobilisation Facebook est bien réelle en ce moment. Les internautes marocains avaient déjà les yeux rivés sur l'Egypte et la Tunisie, ils suivaient de près toutes discussions en ligne en lien avec ces deux révoltes. Aujourd'hui, plusieurs groupes Facebook appellent à manifester pour des réformes politiques le 20 février au Maroc. Plusieurs vidéos appelant les Marocains à descendre dans la rue circulent également sur internet. Le mouvement des jeunes du 20 février s'est créé.

Dans ce contexte, les différences objectives entre le Maroc et ses pays voisins, mentionnées ci-dessus, peuvent se voir relayées au second plan. Car comme l'explique Mohamed Tozy, «ces nouvelles formes de mobilisation peuvent se greffer sur de nombreuses réalités sociales». En d'autres termes, il peut y avoir une forte mobilisation sans qu'il n'y ait par exemple un seul ennemi désigné, comme c'était le cas en Tunisie avec Ben Ali et en Egypte avec Moubarak. La mauvaise gouvernance et la concentration du pouvoir politique au Maroc peuvent devenir l'élément fédérateur pour mobiliser la population.

Ainsi, au lieu de se prononcer sur une éventuelle exception marocaine, le chercheur conseille d'attendre dimanche 20 février. C'est à ce jour que l'on aura une première idée de l'envergure de la contestation au Maroc.

Cet article a été précédemment publié dans le numéro 4 de Yabiladi Mag (février 2011), p. 26-27.

test pour la maturité politique au Maroc.
Auteur : moirk
Date : le 19 février 2011 à 16h48
A lire les interventions de beacoup de compatriotes sur la manif de demain on constate qu´il y a ceux qui supportent et ceux qui sont contre. Les arguments sont differents et ceci depend de la situation de chacun. Il faut noter que ceux qui ont la possiblité d´avoir acces á l´internet est déjá une indication d´un certain niveau social et d´éducation. Probablement on assiste dans ce forum á des differences au sein d´une partie de la population relativement priviligié.
Ce qui est interessant est que certains ont un jugement sur le Maroc qui est associé á leur situation personelle.
Les études objectives sur le Maroc parlent une langue claire sur l´etat triste des institutions politiques au Maroc.
Le taux d´analphabetisme n´est pas digne d´un état democratique en 2011 ( les concernés ne peuvent pas se faire entendre dans ce forum par example). Úne autre catégorie n´a pas le moyen d´avoir acces á l´internet.
Transparency international place le Maroc parmis les pays les plus corrompu. En tant que citoyen qui rentre en vacances chaque année, je suis surpris de voir mon entourage parler comment la corruption est devenue normale. C´est vraie, qu´ont a construit des autoroutes et qu´on a vendu une partie du Maroc au secteur privé.
Seulement pour juger de la santé d´une société, il faut voir l´état d´education de la population.
Le ministre vient de décider d´une manière arbitraire de laisser fermer les universités pendant 3 jours. Une decision basée sur quoi ?...la liste des réformes pour faire avancer le pays ets trés longue. La manif est absolument justifée et je suis d´accord avec le prince Hicham. Les priviligiés du système peuvent rester chez eux cette manif est pour ceux qui n´ont pas de droits pour une vie avec dignité.
contre, contre ... mais
Auteur : MOHAMMED
Date : le 19 février 2011 à 15h03
tu serais étonné du nombre réel de famille marocaine qui peuvent se payer un kilo de viande... s'il n'y a que ça qui t'intéresse.
Elle vendue 2 fois plus chère qu'en Europe, pourtant le salaire y est 5 à 10 moindre que celui de l'européen moyen.
je suis contre
Auteur : rachid101
Date : le 19 février 2011 à 14h25
je suis contre cette manificitation.
je suis contre je suis contre je suis contre
nous ne voulons pas etre comme les egyptiens et les tunisiens qui ne peuvent meme pas acheter un kilo de viande et qui maintenant n'ont meme pas qoui manger.
je suis contre cette manificitation
Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com