Après les déclarations du ministre algérien délégué au Affaires étrangères Abdelkader Messahel, le Premier ministre Abdelmalek Sellal a pris le relais hier en réitérant la position de son pays vis-à-vis de la demande du royaume de réintégrer l’Union africaine (UA).
«Si le Maroc souhaite adhérer à l’UA sans condition, l’Algérie n’y voit aucun problème mais il y a des procédures à suivre», a-t-il déclaré à la presse algérienne. Il a cependant rejeté toute expulsion de la «RASD» (république autoproclamé par le Polisario) des rangs de l’UA pour permettre le retour du Maroc au sein de l’institution africaine : «il ne faut pas oublier que la RASD est un membre fondateur de l’organisation panafricaine», a-t-il ajouté.
Poursuivant son offensive, le Premier ministre a rappelé que le royaume s’est retiré en 1984 de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) - aujourd’hui l’UA -, soulignant qu’il est plutôt question dans ce cas «d’une nouvelle adhésion». Abdelmalek Sellal a également qualifié d’«insensée» la motion signée par 28 chefs d’Etats lors du 27e sommet de l’UA achevé lundi à Kigali, qui réclame la suspension de la «RASD».
Un autre son de cloche du côté de Rabat
A Rabat, l’heure est à l’optimisme. Alors que le bras droit d’Abdelaziz Bouteflika répondait aux sollicitations des journalistes sur le retour du Maroc à l’UA, le ministre marocain des Affaires étrangères Salaheddine Mezouar tenait au même moment un point presse dans la capitale. Le chef de la diplomatie du royaume s’est félicité de l’«appui de nombreux pays à la demande marocaine», assurant qu’«un grand nombre d'autres pays, qui n'ont pas signé cette motion, sont également du côté du Maroc».
Ce dernier s’est dit «persuadé» que la «suspension de la ‘RASD’ de l’UA n’est qu’une question de temps», en réponse aux déclarations du Premier ministre algérien.
C’est donc une joute diplomatique entre Rabat et Alger sur cette question à laquelle doit s’attendre le prochain sommet de l’UA prévue en janvier 2017 à Addis-Abeba. Chaque pays mobilisera son camp pour imposer sa ligne politique. Il manque seulement huit voix au Maroc et à ses alliés pour modifier la charte de l’Union africaine, adoptée en juillet 2000 au Togo.
Le Maroc est avant tout tenu de déposer officiellement sa candidature pour intégrer l’UA auprès de la présidence de la commission de l’Union. La requête devra ensuite faire l’objet d’un vote des membres de l’organisation panafricaine, dont l’issue semble toutefois tracée : Rabat possède déjà les 28 voix nécessaires à son admission.