C’est presque devenu un réflexe - un réquisitoire violent et irrationnel qui se répète inévitablement et nourrit les amalgames. Hanane Charrihi, la fille de Fatima Charrihi, une Marocaine, première victime à avoir été identifiée lors des attentats de Nice le 14 juillet dernier, déplore dans un témoignage publié hier par l’Obs les réactions islamophobes dont elle et sa famille ont été victimes quelques jours après le drame.
«Lundi, sur la Promenade des Anglais, j’ai ressenti avec ma famille le besoin de venir déposer des fleurs en hommage à ma mère. Sur le chemin, nous avons été alpagués par un homme qui nous a dit :
'On ne veut plus de vous chez nous.'
Ça m’a fait de la peine, mais j’ai préféré ne pas réagir. Plus tard, un homme assis à la terrasse nous a balancé :
‘Maintenant, vous sortez en meute.’
Cette fois-ci, je n’ai pas pu m’empêcher de lui dire que nous étions en deuil, que notre mère faisait partie des victimes. Il nous a rétorqué :
‘Tant mieux, ça fait un en moins.’
Je me suis mise à trembler de tous mes membres, mais j’ai réussi à garder mon sang-froid. Ma sœur a commencé à lui crier dessus. Lui s’est levé et nous a menacé de nous frapper. Nous sommes partis en vitesse.»
Hanane Charrihi dénonce également l’entreprise de récupération politique à laquelle s’est adonné le Front national (FN) quelques jours après l’attaque. «Quand je vois les messages du FN se félicitant de l’afflux d’adhésion après les attentats, j’ai envie de vomir. Ce sont eux qui créent les amalgames (…), qui nous divisent.»
Le parti de Marine Le Pen revendique en effet depuis plusieurs jours un «boom d’adhésion», pour reprendre les termes de Jean-Lin Lacapelle, le secrétaire national du FN aux fédérations. Et de jouer la carte du faux-semblant : «On ne donnera pas de chiffres, nous ne voulons pas avoir l'air de profiter d'un tel drame.» Vraiment ?