A 17h03, vendredi 11 février, le vice-président Omar Souleiman a annoncé à la télévision, la démission de Hosni Moubarak. Il a quitté avec sa famille la capitale pour la station balnéaire de Charm el-Cheikh, complète un responsable du Parti National Démocrate (PND) au pouvoir. Hosni Moubarak a chargé le Conseil militaire suprême de prendre en charge les affaires courantes du pays. Outre la contestation générale, les signes annonciateurs ont été nombreux ces dernières heures, en dépit du refus public par le président, hier encore, de quitter le pouvoir.
Quelques minutes avant l’annonce finale, on apprend que le secrétaire général du PND, Hossam Badrawi, va démissionner, alors même qu’il a été nommé, en catastrophe, il y a seulement quelques jours. Ce matin même, plusieurs soldats de l'armée ont aussi été vus abandonnant leurs armes pour rejoindre les manifestants : signe de l’affaiblissement du soutien de l’armée au président.
18 jours de bras de fer ont donc finalement eu raison du Raïs. La contestation au régime a bénéficié du soutien de la communauté internationale grâce au caractère pacifique des manifestations. L’unité de l’opposition autour d’un seul objectif, la démission d’Hosni Moubarak, et sa capacité à maintenir la pression pendant plusieurs semaines a certainement aussi été un élément moteur de son succès.
La suite des évènements relève à présent du Conseil Suprême de l’Armée. Avant la déclaration de la présidence, l'armée égyptienne s’est simplement dite prête à lever l'état d'urgence, en vigueur depuis 30 ans, "aussitôt que les circonstances actuelles le permettront". Hier, jeudi 10 février, elle avait au contraire répété son message de soutien au président, en se portant garante des réformes promises par le président.
Réactions en chaîne
Les réactions se multiplient dans le monde entier en cette fin d’après midi. Au Maroc, les réseaux sociaux se sont remis à vibrer sous le nombre de cliques. Les messages se succèdent sur les groupes Facebook du mouvement «Démocratie et Liberté maintenant». Il a annoncé une manifestation dans tout le Royaume le 20 février pour réclamer, à son tour, une réforme profonde du système politique marocain.
Le président américain Barak Obama devrait s’exprimer à la télévision à 20h30 (heure GMT). En Israël, les autorités espèrent pudiquement que la transition se fera en douceur. A Tunis, des cris de joies ont retenti dans les rues à l’annonce du vice-président égyptien. La pression monte pour les dirigeants du Yémen, Jordanie et d’Algérie où des manifestations sont encore prévues ce week-end.
En Suisse, le Conseil fédéral prend l’initiative de vendredi de bloquer les éventuels fonds d'Hosni Moubarak et de son entourage, a indiqué à l'ATS son porte-parole André Simonazzi. Le Conseil vient de demander aux banques suisses de rechercher et geler les avoirs du clan du président égyptien déchu.
Les marchés financiers réagissent, à leur tour, positivement. L’indice de la bourse de Wall Street en baisse depuis le début de la journée est reparti à la hausse après l’annonce de la démission de Hosni Moubarak. Si l’évènement ne restera pas sans conséquences à long terme, sur le marché du pétrole, le cours du brut reste très volatile.
Explosion de joie, place Tahrir (itélé)