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Grand Angle

Architecture : Le projet du Centre culturel marocain fait débat

Les riverains du boulevard Saint-Michel, où se tiendra le Centre culturel marocain dont l’ouverture est prévue pour 2018, et la Société pour la protection des paysages et de l'esthétique de la France, entre autres, regrettent une architecture trop en rupture avec celle, typiquement parisienne, de ce quartier du Ve arrondissement de la capitale. Détails.

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Simulation d'une vue de l'intérieur du Centre culturel marocain à Paris. / Ph. Hakim Benchekroun.
Temps de lecture: 3'

«Profondément parisien et intimement marocain», ainsi que le conçoit le cabinet Oualalou+Choi, en charge du projet de construction du Centre culturel marocain (CCM) à Paris. Sauf que l’établissement, qui n’en est encore qu’à ses balbutiements, a reçu une volée de bois vert de la part des habitants du boulevard Saint-Michel (Ve) où il sera installé, à proximité du jardin du Luxembourg.

Des critiques qui émanent également du côté de Francis Loyer, historien d’art et d’architecture et de la Société pour la protection des paysages et de l'esthétique de la France (SPPEF).

Il faut dire que l’intégration du bâtiment, composé de «cubes translucides en décrochement, avec effet de damier lumineux», selon l’architecte Tarik Oualalou, risque de détonner dans ce quartier à l’architecture très parisienne, jalonné d’immeubles haussmanniens. Décliné sur huit étages, l’édifice se tiendra sur dix mètres de large. Il partira du 115 boulevard Saint-Michel – une implantation qui revêt une dimension hautement symbolique puisque l’immeuble n’était autre que le siège, des années 1930 aux années 1980, de l’Association des étudiants musulmans et nord-africains (AEMNA) – jusqu’à la rue Henri-Barbusse, à l’image d’«une ruelle de la médina de Fez», détaille encore l’architecte.

Si Florence Berthout, maire (Les Républicains) du Ve arrondissement s’est réjouie, au cours d’un déjeuner ce mercredi avec l’ambassadeur du Maroc en France Chakib Benmoussa, de l’arrivée du CCM dans son fief, Francis Loyer déplore quant à lui un «jeu de Rubik’s Cube totalement incongru», rapporte Le Parisien, largement soutenu par Robert Werner, administrateur de la SPPEF. Les architectes des bâtiments de France (ABF) espéraient aussi quelques aménagements.

Le bâtiment actuel.Le bâtiment actuel

«De nombreuses modifications et ajustements»

Un argument dont Tarik Oualalou prend le contre-pied, pointant du doigt la «vétusté» et la «dangerosité» du bâtiment actuel qui «ne pouvait en aucun cas accueillir le nouveau programme du Centre culturel du Maroc. A cet égard, sa démolition n’a jamais été remise en cause par les autorités», s’est-il justifié auprès du site d’information spécialisé Batiactu.

«Le projet du Centre culturel du Maroc a été, selon la démarche habituelle, instruit par l’ensemble des commissions et départements de la ville et de l’Etat, et ne soulève aucune remarque de la part des architectes des bâtiments de France, ni de la Commission du Vieux Paris», a encore expliqué le cabinet Oualalou+Choi à nos confrères du Huffington Post Maroc, soulignant que «les représentants de l’Académie d’architecture, que nous avons reçus personnellement, ont également exprimé leur accord sur le projet.» Ce dernier a d’ailleurs reçu l’aval de la préfecture, de la Ville de Paris et du Ve arrondissement, a fait savoir le cabinet.

Sans compter que le projet de construction du CCM, dont l’instruction «a duré quasiment un an», a été soumis à «de nombreuses modifications et ajustements» au cours de cette période.

L’étendard de la culture marocaine

Un projet qui, malgré la levée de boucliers qu’il a suscité auprès de certains tenants de l’esthétique urbaine, devrait voir le jour à l’horizon 2018. Objectif ? «Faire rayonner en France la culture contemporaine marocaine et animer une partie de la diaspora marocaine qui se situe désormais entre les deux rives», avait dit Tarik Oualalou le 17 février dernier en marge de la présentation du futur CCM au roi Mohammed VI lors sa visite à Paris.

D’une superficie totale de 1 360 mètres carrés, le bâtiment ouvrira un tiers de ses espaces au public. Au rez-de-chaussée se côtoieront un centre de langues arabe et amazighe, une bibliothèque, une cafétéria et un auditorium. Les trois derniers étages hébergeront des bureaux en location, censés garantir l’indépendance économique de l’établissement culturel. Le volet financier a été entièrement chapeauté par le Maroc à hauteur de 6,7 millions d’euros.  

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