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Interview

Hydrocarbures : « Le Maroc fait encore ses premiers pas dans l’exploration des gaz de schistes », affirme Amina Benkhadra

Bien que le Maroc n’en soit pas un grand producteur, les hydrocarbures restent un domaine stratégique pour le Royaume. Depuis le début des années 2000, l’Etat n’a cessé de multiplier les efforts visant à favoriser l’exploration tant pétrolière que gazière. Il y trois ans, Rabat s’est lancé dans les gaz de schistes dont l’exploration, bien que discrète, fâche le milieu des écologistes. Dans un entretien avec Yabiladi, la Directrice générale  de l’Office national des Hydrocarbures du Maroc (ONHYM), Amina Benkhadra, revient sur le programme national, les réalisations, mais aussi les ambitions du Royaume. Interview.

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Temps de lecture: 5'

Le Maroc a lancé un vaste programme d'exploration du gaz de schiste en 2013. Où en est-il ?

Le Maroc est encore aux premiers pas de l’exploration pour les gaz de schiste. Celle-ci est tout à fait récente, car nos travaux sur ce thème remontent à moins de 5 ans. L’Office National des Hydrocarbures et des Mines a lancé une première étude d’évaluation du potentiel de nos bassins sédimentaires en "gaz de schiste". Des contrats de reconnaissance ont été signés avec des partenaires dont les travaux qui sont encore dans une phase préliminaire, consistent en études géologiques, géophysiques, géochimiques et analyses des propriétés pétrophysiques des roches afin d’asseoir le potentiel du gaz de schiste.

Quelles sont à ce jour les sociétés investies dans l’exploration des gaz de schistes au Maroc et dans quelles zones/régions/localités du Royaume mènent-elles leurs études ?

Les principaux partenaires qui se sont jusqu’ici intéressés à l’exploration de gaz de schistes au Maroc sont Repsol, Anadarko, EOG et Vermillion. Ces compagnies avaient opéré dans les bassins des Hauts Plateaux, Boudenib, Bas Draa - Zag et Tadla.

Actuellement seule Repsol est encore détentrice de la zone de reconnaissance de Boudenib. Les autres partenaires ont arrêté leurs travaux à cause de la chute des prix du brut qui n’encourage pas l’exploration de ces hydrocarbures.

Combien ces travaux ont-ils déjà coûté au Maroc ?

Les travaux d'exploration, entrepris par nos partenaires, sont le résultat des efforts d'études et de promotion déployés par l'Office, soutenus par les avantages fiscaux introduits par les amendements de la loi des hydrocarbures. Ces travaux, relatifs à l’exploration, sont à la charge de nos partenaires. Financièrement parlant, l’ONHYM ne contribue pas durant la phase d’exploration tel que stipulé par la loi des hydrocarbures.

Quelles sont les ambitions du Royaume concernant l’exploration et l’exploitation des gaz de schistes ?

Comme je l’ai dit, on est encore tout à fait au début de l’évaluation de notre potentiel en gaz de schiste. Le passage à la phase d’exploitation nécessite d’importants travaux et des investissements conséquents à condition bien entendu que les résultats de l’étude de faisabilité économique le permettent. Le secteur des hydrocarbures traverse actuellement une phase difficile avec la chute des prix qui réduit les investissements. L’ONHYM va continuer à évaluer le potentiel des bassins marocains à la lumière des nouvelles données acquises et maintient une veille technologique.

Les gaz de schiste sont pourtant décriés à travers le monde en raison de leurs risques pour l’environnement et la santé,  ainsi que leur forte consommation en eau engendrée par son exploitation. Au Maroc, des écologistes dans l’Oriental notamment dénoncent le programme national. Que leur répondez-vous ?

Au Maroc, tous les forages effectués jusqu’ici, y compris celui en cours dans l’Oriental, ont eu pour objectifs les hydrocarbures conventionnels. Pour les gaz de schiste, on est encore loin de la phase de forage. Comme souligné, on est en phase d’étude préliminaire du potentiel de nos bassins.

Quelles mesures ont été prises pour garantir la sécurité à ces trois échelles : environnement, santé et ressource en eau, sachant que selon plusieurs études, la sécheresse devrait s’accentuer au Maroc au cours des prochaines années ?

Concernant ces trois aspects, et de par sa vocation, l'ONHYM se porte garant du respect de la législation et la réglementation environnementale en vigueur et la gestion durable des ressources naturelles, y compris hydriques. En effet, tous les partenaires de l'ONHYM, dans le cadre des différents projets de recherche et d'exploration pour les hydrocarbures au Maroc, disposent de procédures QSE respectant les normes et standards internationaux en matière de sécurité et protection de l’environnement. En outre, la Loi n°21-90 sur la recherche et l'exploitation des hydrocarbures exige que toutes les opérations pétrolières soient entreprises dans le respect de l'environnement, la santé et la préservation des ressources hydrauliques. Par ailleurs, les partenaires de l’ONHYM sont tenus de réaliser des études d'impact sur l'environnement avant d'entamer leurs travaux.

Enfin, et afin de prévenir toute atteinte ou dommage que les opérations pétrolières pourraient causer, la réglementation relative aux hydrocarbures oblige les partenaires de l'ONHYM à contracter des assurances spécifiques. Enfin, et comme je l’ai mentionné auparavant, la technologie, de l’exploration et de production du gaz de schistes, est en perpétuel développement pour limiter l’impact sur l’environnement et limiter le volume d’eau requis pour la fracturation.

Parlant des hydrocarbures conventionnels où en est l’exploration ? Le Maroc peut-il, à ce jour, prétendre à une future production de gaz ? Si oui, à quel horizon ?

A ce stade, il est encore prématuré de parler d’une production d’envergure. L’exploration pétrolière est un processus long et hautement risqué, nécessitant plusieurs études géologiques et géophysiques et surtout de nombreux forages, avant de se prononcer sur le potentiel réel d’un bassin ou d’une zone, et l’expérience a démontré que là où l’exploration est intense, les résultats sont au rendez-vous. On ne cessera jamais d’insister sur les expériences en Mer du Nord, au Ghana, qui après des dizaines voire des centaines de forages, ont commencé à produire des hydrocarbures. Et ici même au Maroc, en prenant les cas des bassins classiques du Gharb et d’Essaouira, où l’exploration pétrolière est ancienne et plus intense, et qui a abouti à une production qui satisfait partiellement la demande du tissu industriel local.

A terme raisonnable, les chances de faire des découvertes au niveau des bassins sédimentaires marocains restent intactes mais tributaires du nombre de forages d’exploration.

Le Maroc s’est beaucoup investit dans l’exploration pétrolière. Où en est-on à présent ? Les compagnies étrangères s’y intéressent-elles encore ? A quand remonte les dernières autorisations ?

Il convient de rappeler que l’intérêt des acteurs de l’industrie pétrolière et gazière pour le Maroc est le résultat d’une politique de promotion dynamique, continue et proactive, élaborée par l’ONHYM et qui représente le fondement même de la stratégie de l’office. L’attractivité du Maroc résulte aussi de la stabilité politique dont jouit notre pays ainsi que les mesures incitatives de notre loi des hydrocarbures.

L’ONHYM dispose d’une notoriété internationale solide, très appréciée par nos partenaires étrangers, et qui explique l’accroissement significatif du nombre de partenaires intéressés par l’exploration des hydrocarbures au Maroc année après année, même dans des contextes difficiles comme c’est le cas actuellement. Le nombre d’accords pétroliers et contrats de reconnaissance signés annuellement est par ailleurs satisfaisant, et des négociations sont actuellement en cours pour la concrétisation de nouveaux accords pétroliers. A titre d’exemple l’année 2015 a connu la signature d’un accord pétrolier et 4 autorisations de reconnaissances avec différentes compagnies pétrolières, malgré un contexte particulièrement difficile.   

Aujourd’hui, le nombre des sociétés opérant au Maroc dépasse la trentaine parmi lesquelles des majors, des Super indépendants et des Indépendants, opérant actuellement dans les différentes régions du Maroc aussi bien en offshore qu’en onshore.

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Non au gaz de schiste!!!!!!
Auteur : axis7
Date : le 20 mai 2016 à 16h42
On a une ministre naïve et dangereuse qui nous prend pour des enfants. Le gaz de schiste est un crime contre la nature et une horreur dans un pays arride comme le Maroc. Honte à ce gouvernement qui brade le Maroc et la santé des marocains. De quel droit osent -ils decider en notre place sur une politique qui va GRAVEMENT NUIRE A NOTRE ENVIRONNEMENT VITAL!!!!!
La COP 22 ce n'est que du vent si on se lance dans le gaz de schiste!
STOP AU SCANDALE.
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