Avec l’aide de l’Association des victimes de la spoliation (AVS), Habiba, une veuve de 58 ans, lutte pour ne pas perdre sa maison. Un jugement prononcé en référé le 6 avril 2015 ordonne son expulsion de cette villa sise à la Corniche de Casablanca et achetée par son défunt époux le 12 juin 1973, selon l’acte notarié transmis en copie à Yabiladi.
El Mouktafi à l'origine des malheurs de Habiba?
Sa vie y aurait toujours été paisible jusqu’en 2006, lorsqu’elle reçoit la visite d’une Française qui dit être propriétaire de la maison. C’est alors que Habiba porte l’affaire en justice et obtient gain de cause en appel en 2008.
En 2013, une Marocaine qui serait présidente d’une association de défense des droits des femmes se serait présentée, à son tour, comme ayant acheté le bien à une Française résidant en France et née au Maroc en 1948 et ce, moyennant la somme de 650 000 dirhams. D’après l’association, le bien vaudrait pourtant une trentaine de millions de dirhams. De plus, l’acte notarié présenté par cette dame -dont Yabiladi détient la copie- aurait été établit par El Arbi El Mouktafi, le notaire qui purge actuellement une peine de 12 ans de prison dans le cadre de l’affaire Brissot et qui serait également impliqué dans une «une dizaine de dossiers de spoliation, dont celui du complexe Romandie», selon l’AVS.
«J’ai de plus en plus peur pour ma vie»
Après le jugement en référé prononcé en 2015 et sur les conseils de l’association, Habiba porte plainte pour faux et usage de faux contre la responsable associative le 19 janvier 2016. Immédiatement, le procureur du roi ordonne l’ouverture d’une enquête. Jusqu’à lors l’enquête serait toujours en cours, «mais la mafia met la pression pour que le jugement soit exécuté et que Habiba et sa fille soient mises à la rue», dénonce le président de l’AVS, Mohamed Moutazzaki, qui réclame «l’arrêt de l’exécution de ce jugement» jusqu’à ce que la véritable identité du propriétaire de la villa soit prouvée.
Habiba -qui a participé à la manifestation des victimes de la spoliation immobilière organisée dimanche dernier par l’AVS- n’a qu’un seul désir, en finir avec cette histoire qui a bouleversé même la vie de sa fille unique. «Elle a dû mettre ses études en Suisse en suspens pour venir rester avec moi, car j’ai tout le temps peur», confie la quinquagénaire. Elle dit avoir récemment été suivie par des «chauffards» dont elle ignore l’identité ni les raisons de leur acte. «Je ne peux plus sortir de la maison comme tout le monde pour faire mes courses. J’ai de plus en plus peur pour ma vie. Je demande la protection et l’assistance de Sa Majesté parce que ces malfaiteurs utilisent les jugements prononcés au nom de Sa Majesté pour spolier et détruire la vie de ses sujets», alerte Habiba.
Appel à Mustapha Ramid
Pour l’AVS, les spoliateurs ne s’en prennent qu’aux personnes vulnérables. «Ils ont ciblé cette famille parce qu’elle est faible et sans défense. C’est du terrorisme !», juge sans ambages M. Moutazzaki. Nous avons tenté en vain de rentrer en contact avec la responsable associative accusée par Habiba. L'Association des victimes de la spoliation lance un appel au département de Mustapha Ramid : «Nous demandons que l’inspection du ministère de la Justice soit saisie sur ces dossiers et lève le voile sur les juges qui seraient impliqués directement en tant que bras armé de la mafia».