L'opération anti-terroriste menée par le Maroc et dévoilée mardi 4 et mercredi 5 janvier était d'envergure. D'après des informations du ministre de l'Intérieur, Taïeb Cherqaoui, les 27 personnes arrêtées feraient partie d'une cellule terroriste dirigée par un membre d'Al Qaida au Maghreb islamique (AQMI). Cette cellule serait dirigée par un Marocain qui se trouverait actuellement dans le nord du Mali.
Les autorités marocaines ajoutent également, qu'il y a un lien entre ces arrestations et la découverte d'un important arsenal d'armes près d'Amgara, dans le Sahara. 33 kalachnikovs, 2 lance-roquettes (RPG), un mortier «Hawn» et de 1998 munitions de Kalachnikov ont ainsi été pris. Ces armes de fabrication russe auraient été dispersées dans trois endroits différents. Les Forces armées royales auraient eu des informations au préalable sur l'emplacement de ces caches d'armes.
A noter que d'après le ministre de l'Intérieur, les armes se trouvaient dans la zone tampon, une zone donc à priori sous contrôle du Polisario, en dehors du mur de sable. Cela soulève des questions sur la manière dont cette intervention a pu se faire, mais aussi sur les liens entre le Polisario et l'AQMI. Cette découverte permet-elle de corroborer l'hypothèse de certains analystes et des autorités marocaines d'une «dérive terroriste de certains éléments du Polisario» ?
Pour le moment, rien ne permet d'en être sûr. Quant au Polisario, il dément les propos du ministre Cherqaoui. Dans un entretien publié ce jeudi sur l'agence de presse espagnole EFE, Mohamed Salem Ouled Salek affirme que la zone de laquelle il s'agit est sous contrôle marocain et que «aucun soldat marocain n'a traversé le mur de séparation … pour faire une telle découverte».
La Minurso, déployée dans la zone tampon, n'a pas fait de déclaration à ce sujet. Mais selon la MAP, les armes saisies ont été présentées mercredi 5 janvier à la presse nationale et internationale.
Outre ces divergences entre le Polisario et le Maroc, un autre élément semble important. Selon le ministère de l'Intérieur, les personnes arrêtées avaient pour but de mettre en place une base arrière de l'AQMI dans cette zone instable pour attaquer des cibles au Maroc. Des membres de la cellule auraient déjà tenté de braquer des agences bancaires et de transfert d'argent à Casablanca et Rabat pour se procurer des financements.
Au vu de cette déclaration, le Maroc est bel et bien entré dans la ligne de mire d'AQMI. Les efforts de l'Algérie d'écarter le Maroc de la lutte contre l'AQMI semblent de plus en plus anachroniques. Au contraire, le Maroc se positionne comme acteur incontournable dans la lutte anti-terroriste dans la région du Sahel.