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Grand Angle

Belgique: Qui sont les deux nouveaux interpellés pour terrorisme?

Un seul point de l'enquête relie les deux suspects arrêtés mardi dernier par le parquet fédéral belge pour «participation aux activités d'un groupe terroriste» et «menaces d'attentats», les Kamikaze Riders. Cette appellation trompeuse cache en fait un club de motards adeptes d'acrobaties en pleine circulation dont font partie les deux suspects. Mais le nom ambigu du club cacherait-il un lieu de radicalisation? L'enquête semble mener vers cette piste que certains témoignages contestent présentant les membres du club comme des jeunes qui souhaitent faire monter leur adrénaline, parfois même au péril de leur vie.

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On en sait un peu plus sur le profil des suspects interpellés mardi dernier par le parquet fédéral belge pour «menaces d'attentats» et «participation aux activités d'un groupe terroriste». Un des deux suspects, Saïd Saouti, 30 ans, délinquant déjà condamné pour des délits de droit commun, est considéré par les enquêteurs comme le dirigeant et le recruteur des candidats terroristes mais aussi comme un prêcheur radical. L'autre suspect, Mohamed Karay est un proche de Saïd Saouti. Les deux hommes sont soupçonnés d'avoir préparé des attentats à Bruxelles pendant les fêtes de fin d'année sans lien avec les attentats de Paris de novembre dernier, rappelle la RTBF.  


Saïd Saouti et Mohamed Karay appartiennent tous les deux aux Kamikaze Riders, un club de motards adeptes des acrobaties et autres figures périlleuses sur deux roues. Sur Internet, les Kamikaze Rides sont très populaires. Ils ont leur logo et partagent leur passion des acrobaties à moto à travers des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux. Mais le nom du club à consonance «dangereuse» en fait-il pour autant un repaire de terroriste ou un lieu de radicalisation?

Ludovic Ansel, membre depuis 10 ans du club décrit le club comme multiconfessionnel et multiculturel et déplore la mauvaise presse faite au club depuis l'arrestation des terroristes présumés. «Le club des Kamikaze Riders, existe depuis une quinzaine d'années. Sa centaine de membres, présents dans toute la Belgique, sont de toutes origines et confessions, pas spécifiquement de religion musulmane. C'est une famille qui aime se retrouver autour de sa passion commune, la moto. Cela me fait mal au cœur de voir le nom de ce club sali par les médias. Ce n'est pas parce que quelqu'un fait une bêtise, que les autres doivent en pâtir».

Ludovic réfute même toute radicalisation des membres du club en même temps que celle des deux suspects. «Je connais Mohamed Karay et Saïd Souati depuis des années, et suis surpris par leur arrestation. Tous deux étaient certes à fond dans leur religion mais ils n'ont jamais eu de geste ou de parole extrémiste. Je n'ai jamais été témoin de propagande islamiste de leur part», ajoute-t-il. 

Stunters en recherche d'adrénaline ou candidats terroristes

Steve Coeymans, le coordinateur de l'association «Motard libre et responsable» (ADDRM) penche plutôt pour une bande de jeunes à la recherche d'adrénaline. Il faut dire que si les adeptes des acrobaties périlleuses pratiquent ce sport sur des sites privés, les Kamikaze Riders eux réalisent ces acrobaties en pleine circulation, au péril de leur vie et parfois au mépris du code de la route. «Je demande d'arrêter de faire des amalgames et de dénommer 'motards' une bande de criminelles qui se servent de la moto pour leurs différents méfaits», explique Steve Coeymans. Il ajoute qu’«ils sont connus et doués, mais ils risquent leur peau et mettent les autres usagers en danger». 

Les Kamikaze Riders restent fidèles à leur réputation sulfureuse. Ils pratiquent le stunt -démonstration de figures acrobatiques sur moto- en pleine circulation et parfois sur les autoroutes et les dans les tunnels. Mais comment des jeunes membres de ce club à sensations fortes sont passés de motards-acrobates à radicalisés supposés prêts à commettre des attentats? Les Kamikaze Riders sont passés à la loupe par le juge antiterroriste chargé de l'enquête. Les enquêteurs sont intrigués par le fait que Saïd Saouti, le fondateur du club est le frère de deux individus qui ont séjourné en Syrie et qui seraient liés au groupe terroriste Sharia4Belgium.

De plus, les suspects arrêtés fréquentaient tous les deux le même club. Pour aller jusqu'au bout de la logique de l'enquête, les investigateurs estiment que le club ne serait qu'une couverture utilisée par son fondateur pour recruter des candidats au terrorisme. Présenté comme un prêcheur radical, Saïd Saouti tenterait de pousser des jeunes à la radicalisation pour constitué un «club terroriste» à l'intérieur d'un club donné pour être sulfureux mais «normal». 

Article modifié le 2015/12/31 à 15h05

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