Attentats de Paris : Le logeur d'Abaaoud nie toujours avoir su l'identité de ses locataires

Jawad Bendaoud, le logeur d’Abdelhamid Abaaoud, maintient sa version de l’ignorance des identités des personnes qu’il a logées. Des pièces du dossier d’instruction consultées par Le Monde montrent que Jawad Bendaoud continue de nier avoir su l’identité exacte de ses locataires tués dans l’assaut du Raid. Pourtant ces pièces sont suffisamment troublantes pour pousser les enquêteurs à suspecter Jawad et son co-accusé d’avoir «sciemment hébergé des personnes en cavale».

Les pièces consultées par le quotidien Le Monde ne permettent pas d’affirmer que Jawad Bendaoud a reconnu Abdelhamid Abaaoud, le cerveau présumé des attentats de Paris, au moment de lui remettre l’appartement. Mais le jeune homme de 29 ans reconnaît avoir regardé en prison des vidéos d’Abaaoud. «Tout le monde regardait des vidéos de lui en prison. Vous croyez que je lui aurais loué mon appartement si je l’avais reconnu ?», fait-il savoir aux enquêteurs.

Le reste des pièces est constitué d’échanges de SMS entre Jawad Bendaoud et sa petite-amie. «Je m’en doutais putain», «Je te l’avais dit en plus, c’est chelou», lui écrit-elle. «Tous les mecs de ma rue, hier, ils rigolaient, ils m’ont dit t’es un OUF, tu ramènes des mecs de Belgique, deux frères MUS. (…) Sur le coran de La Mecque c’est des terroristes, nous on rigolait, bah on s’en bat les couilles, moi je les héberge. (…) Les mecs ils viennent de Belgique, ils me demandent de quel côté on fait la prière, ils me disent on est fatigué, on veut dormir, on a passé trois jours de fils de pute, 150 euros pour trois jours, pourquoi ils ont pas été à l’hôtel ? (…) Vazy même moi j’ai trouvé ça suspect les mecs…», répond Jawad

Le jeune homme de 29 ans affirme avoir fait un lien entre la location de l’appartement à 50 euros/jour pendant 3 jours et les terroristes en cavale. «J’ai douté, il y avait un truc pas clair, mais je ne vais pas prendre vingt ans pour ça, (…) je m’en doutais, mais je voulais l’argent». Autre élément, Jawad Bendaoud a reçu un appel le 3 novembre d’un numéro belge en contact avec un autre numéro belge non attribué le soir des attentats.

Mais est-ce suffisant pour parler d’un rôle actif ? Trop tôt pour le dire. En tout cas la justice s’intéresse à son co-accusé qui lui était en contact avec Hasna Aït Boulahcen, la cousine d’Abaaoud. Cette dernière l’aurait même remercié de leur avoir trouvé un logement et avoir évoqué un message codé et «un taxi» devant la conduire avec Abaaoud et le 3^ème membre commando à l’appartement de la rue du Corbillon où ils ont trouvé la mort.