En septembre 2014, les Etats-Unis et des pays arabes lançaient des frappes aériennes contre les positions de Daesh en Irak et en Syrie. Quinze mois plus tard, les résultats ne sont pas au rendez-vous. L’expansion de l’ «Etat islamique», l’intervention russe et les attentats de Paris poussent au déploiement de troupes au sol.
Le 3 décembre, depuis Belgrade où il assistait à une réunion ministérielle de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, John Kerry avait plaidé pour la création d’une force arabe soutenue par des conseillers américains. «Tout le monde sait que sans la possibilité de trouver des troupes au sol prêtes à s'opposer à Daesh ce conflit ne pourra pas être gagné complètement avec les seules frappes aériennes», avait-il reconnu.
Le Pentagone en éclaireur
Depuis Washington s’est tourné vers ses alliés arabes pour essayer de mettre en place la future coalition terrestre qui devrait être composée de 10 à 20 mille soldats. Et c’est tout naturellement que l’administration Obama a confié au Pentagone, plus proche des positions marocaines sur le Sahara que le département d’Etat, la mission de sonder l’avis du royaume à ce sujet.
Hier à Rabat, la ministre déléguée aux Affaires étrangères s’est entretenue avec le sous-secrétaire d’Etat adjoint principal américain à la Défense, Brian McKeon. «Les deux parties ont examiné les questions d’intérêt commun, notamment, celles liées à la sécurité régionale, et le rôle et la place du Maroc dans son environnement géostratégique», indique un communiqué du MAE.
Cette visite devrait être suivie par l’arrivée dans les prochaines semaines de hauts gradés de l’armée américaine et du Pentagone pour des discussions plus approfondies avec la hiérarchie militaire des FAR en vue de les persuader de prendre part à une offensive terrestre contre l’Etat islamique.
Le facteur Emirats Arabes Unis
En plus des arguments des Américains, la participation des Emirats Arabes Unis au projet d'une coalition terrestre anti-Daesh pourrait peser de tout son poids pour convaincre le Maroc. Il y a quelques jours le ministre d'Etat émirati aux Affaires étrangères, Anwar Gargash, a indiqué que son pays «est prêt à participer à tout effort international nécessitant une intervention terrestre pour combattre le terrorisme», une allusion plus que transparente à Daesh.
«Les pays de la région doivent supporter une part du fardeau. Et il n'y a pas lieu d'avoir une intervention étrangère comme celle des Américains pour libérer le Koweït (Opération tempête du désert en février 1991, ndlr)», a encore précisé Anwar Gargash. Une éventuelle entrée des Emirats pourrait accélérer l’envoi de soldats des FAR en Syrie. Ils pourraient être mis à la disposition de ce pays comme ce fut le cas pour les F-16.