L’ANAPEC veut placer 445 000 personnes sur des contrats de droit commun ou des contrats exonérés ou aidés, a répété Anas Doukkali, Directeur général de l’ANAPEC, à l’occasion de la présentation à la presse, hier, mardi 8 décembre 2015, de son Plan de développement 2020. Elle dispose pour cela de 4 mesures incitatives à l’emploi salarié : contrat d’intégration professionnelle, contrat d’insertion, programme Tahfiz et programme Moudabara. Sur les quatre, seul le programme Tahfiz ne vise pas directement les diplômés.
De fait, la politique marocaine pour l’emploi a toujours privilégié la lutte contre le chômage des diplômés sur les autres catégories de chômeurs et d’inactifs. «La politique de promotion de l’emploi au Maroc a toujours été gouvernée par une logique d’intervention sur certaines catégories de publics, n’intégrant pas, par exemple, les chercheurs d’emploi non-diplômés, et identiquement ne prend pas forcément en considération les spécificités territoriales, reconnaît Anass Doukkali lui-même, DG de l’ANAPEC, dans l’édito de la lettre d’information de l’Agence de mai 2015. En conséquence, nous étions appelés à penser d’autres mécanisme plus efficaces notamment le lancement des initiatives locales. »
Taux de chômage ou d’inactivité ?
Traditionnellement, les politiques marocaines de l’emploi se basent sur le taux de chômage. Considérer les chômeurs plutôt que les inactifs revient à surestimer le problème des diplômés chômeurs. Une personne qui fait des études a forcément pour objectif de trouver un emploi sur le marché du travail. Si elle n’en trouve pas, elle va se déclarer chômeuse, rechercher un emploi car elle ne voudra pas renoncer à l’investissement qu’elle a réalisé en étudiant. Au contraire, une personne sans-emploi sera plus prompte, si son milieu familial le lui permet, à renoncer au marché du travail. Elle tombera dans l’inactivité sortant ainsi des statistiques du chômage et donc de la cible de l’ANAPEC.
La proportion d’inactifs dans la population du royaume a même eu tendance à augmenter ces 10 dernières années passant de 64,1% en 2004 à 65,7% en 2014, selon le recensement général de la population mené par le HCP l’an dernier. Par comparaison, il est de 29% en France en 2014.
Enfin, considérer le taux de chômage par catégories de chômeurs revient également à surestimer le problème des diplômés chômeurs. Si le taux de chômage des diplômés de l’enseignement supérieur est en effet nettement supérieur à celui de la moyenne nationale - 24%, contre 9% - les diplômés ne forment en réalité qu’une petite minorité sur l'ensemble des chômeurs. Le HCP l’a récemment révélé, 70% de la population marocaine adulte n’a pas passé plus de 5 ans dans les écoles, jsuqu'à fin 2013.
«Les services de l’ANAPEC visent surtour les diplômés»
La vision «ANAPEC 2020» ne répond finalement que très partiellement à ce constat. L’axe n°2 sur un total de 5 axes de son plan de développement a pour objectif de «Déployer des offres de services adaptées et de qualité au profit de toutes les catégories de chercheurs d’emploi». Sur 11 catégories, une seule, la huitième, est consacrée à la «mise en place de services adaptées aux personnes à bas niveau scolaire», tandis que deux sont encore consacrées à «faciliter l’accès au premier emploi aux jeunes diplômés» et «développer l’employabilité des diplômés en chômage de longue durée».
L’ANAPEC a commencé à faire du profilage, des études sur les besoins et les attentes des chômeurs non-diplômés et des entretiens avec des employeurs. «A partir du profilage et des études réalisées, l’ANAPEC compte mettre en œuvre des offres de services portant sur l’intermédiation, l’appui à l’auto-emploi et la formation qualifiante. La mise en place de ces offres de services sera progressive. Six sites expérimentaux ont été identifiés », indique le document de référence présentant le plan de développement de l’Agence.
«Nous allons renforcer notre présence sur tout le territoire. Cela bénéficiera bien sûr aux non-diplômés qui bénéficient comme tous les autres des services de l’ANAPEC – accueil, entretien, recherche d’emploi - mais ils ne bénéficient pas des programmes actifs d’emplois comme les contrats aidés, exonérés ou le financement de formation. C’est un constat qui est toujours exact, les services de l’ANAPEC sont concentrés sur les diplômés», a reconnu mardi Anass Doukkali.