«Il y a aujourd’hui des échanges entre les professionnels marocains et russes afin de répondre à la demande en provenance de la Russie», indique à Yabiladi le président de la Fédération nationale du tourisme, Mohammed Saïd Tahiri qui profite de quelques minutes entre deux réunions pour s’entretenir avec nous. «Il y a un besoin au niveau de tous les opérateurs russes. De nombreux russes annulent leur départ vers la Turquie», ajoute-t-il.
C’est la conséquence de la crise diplomatique suscitée entre Moscou et Ankara suite à l’avion de combat russe abattu par l’armée turque mardi. Le vice-président de l’Association des tour-opérateurs de Russie, Dmitry Gorin, a en effet annoncé l’annulation des vols charters et suspendu la vente de tous les voyages vers la Turquie par toutes les agences de voyages russes, selon une dépêche du site Nor Haracht. L’Agence Fédérale de tourisme russe a même mis en garde tous les professionnels qui ne suivraient pas la consigne.
Adaptation des offres
Du coup, les tour-opérateurs russes sont à la recherche d’alternatives pour leurs clients. Et ce n’est pas vers l’Egypte, une autre destination jusque-là privilégiée par les Russes, que les agences de voyages vont se tournées. Après le crash de l’avion russe dans le Sinaï suite à un attentat revendiqué par Daesh, Moscou a rappelé tous ses ressortissants et suspendu les liaisons aériennes entre les deux pays. Le Maroc se présente donc comme une alternative.
Selon Mohammed Saïd Tahiri, il sera désormais question pour les opérateurs marocains d’«adapter leurs offres», afin de répondre au mieux aux besoins des touristes russes. Et l’intérêt semble important, car la Russie est le 5ème plus gros marché en matière de dépense touristique au monde avec 50,4 milliards d’euros en 2014, selon les données de l’Organisation mondiale du tourisme. Le Maroc n’a que très peu profité de cette manne jusqu’à présent. Le nombre de visiteurs russes a même connu une baisse significative en 2014 (40 000) après une hausse de 59% en 2013 (47 200) par rapport à 2012.
C’est donc clairement l’occasion pour le Maroc de se rattraper sur ce marché. Toutefois, le président de la FNT refuse de voir seulement de l’opportunisme dans le contexte de la crise russo-turque. «Ce n’est pas parce que la Turquie ou l’Egypte ont des soucis que nous allons développer notre produit. Les opérateurs marocains travaillent tout le temps dans l’objectif de mieux vendre la destination Maroc», conclut-il.