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Grand Angle

COP21 : La marche mondiale pour le climat mobilise au Maroc

A deux mois jour pour jour de la marche mondiale pour le climat, les défenseurs de la cause écologiste au Maroc commencent à se mobiliser. A Oujda tout particulièrement, la campagne de sensibilisation a démarré et le programme est déjà ficelé. D’autres villes devraient suivre.

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«Venez nombreux en famille dans une ambiance conviviale, avec si possible des tenues de couleur jaune, des pancartes et des banderoles pour inviter les chefs des Etats réunis à Paris à s'engager et signer une convention contraignante pour tous». C’est ainsi l’appel lancé sur Avaaz.org à tous les habitants d’Oujda pour le 29 novembre prochain à l’occasion de la marche mondiale pour le climat, un événement qui mobilise à travers les villes du monde entier.

Une occasion de plus à saisir

A Oujda où les habitants ont participé à l'édition 2014, l’événement a plusieurs objectifs : contribuer à la mouvance mondiale, réitérer l’appel au gouvernement marocain quant à l’utilisation des technologies favorisant les changements climatiques, sensibiliser les pouvoirs publics et la population sur les comportements humains à bannir du quotidien, … «Il est temps que les grandes décisions soient prises. C’est une bonne occasion pour dire que nos dirigeants doivent clairement s’engager de manière non équivoque pour limiter le réchauffement climatique», explique à Yabiladi l’organisateur, Mohamed Benata, écologiste et président de l’Espace de solidarité et de coopération de l’Oriental (ESCO).

Fervent militant contre les énergies fossiles ou encore les gaz de schistes, il estime que de tels projets au Maroc sont «en contradiction avec les engagements internationaux du royaume». D’après lui, le Maroc doit pouvoir s’investir davantage dans «les énergies propres». «Il y a le potentiel. On le voit très bien avec la centrale solaire d’Ouarzazate», juge-t-il.

«Le Maroc doit passer à l’acte»

La marche du 29 novembre réunira les citoyens de tout bord. L’association Mihrar qui travaille dans le cadre de la vulgarisation de la science météorologique y participera également. Pour son président Amine Chenoufi, l’événement est une sorte d’appel à «passer à l’acte». «Le Maroc a déjà fait preuve d’engagement en adhérant à la convention cadre des Nations Unies. Il faut à présent concrétiser cela», déclatre-t-il.

Dans le milieu des climatologues l’initiative est aussi encouragée. Le Professeur Mohammed-Said Karrouk -directeur exécutif du comité national du Programme international Giosphère-Biosphère (PIGB) relevant de l’ONU- ne sait pas encore s’il prendra part à la marche d’Oujda ou à la COP21 de Paris. «Les scientifiques y participent uniquement en tant que conseillers de gouvernements», explique-t-il à Yabiladi, soulignant qu’il n’a pas encore été contacté par Rabat dans ce sens. Le spécialiste des questions du climat tient cependant à préciser : «les Marocains n’atteignent pas leur quota d’émission de gaz à effet de serre (GES), contrairement aux pays comme la Chine, les Etats-Unis et les pays de l’UE». Autrement dit, l’alarme n’est pas aussi forte pour le Maroc que d’autres pays.

Pour mémoire, le Maroc s’est récemment engagé à réduire de 32% ses émissions de GES d’ici 2030. En 2010, les émissions anthropiques nettes de GES au Maroc sont évaluées à : 63 439,86 Gg Eq-CO2*, soit 2,21 tonnes EqCO2/habitant, comme l’indique la seconde communication nationale à la convention cadre de l’ONU sur le changement climatique datant d’avril 2010. Le royaume prévoyait à l’époque des émissions de GES de plus de 112 995 Gg Eq-CO2 en 2015, soit environ 3,42 tonnes Eq-CO2/habitant, tandis qu'un Français émet en moyenne 9 tonnes d'Eq-CO2 par an.

Le succès de la COP 22 dépend de Rabat

Pour l’association Mihrar, la mobilisation d’Oujda est aussi à titre préventif. «Même si le niveau des émissions de GES au Maroc est encore faible par rapport aux grandes puissances, les comportements des Marocains dans les grandes villes pourraient faire basculer la donne dans les prochaines décennies. C’est maintenant qu’il faut adopter les bonnes pratiques», alerte Amine Chenoufi, faisant allusion notamment l'usage «excessif» des véhicules dans les métropoles.

Pour les ONG, les décisions prises par Rabat après la COP21 détermineront le succès de la COP22 prévue à Marrakech en 2016. «Si nous organisons un tel événement, il faut que la politique déclarée soit en parfaite cohérence avec la réalité», martèle Mohamed Benata. Son rêve est de voir toutes les grandes villes du royaume marcher «pacifiquement» pour la cause climatique. A Rabat et Meknès, les écologistes seraient également en pleins préparatifs, mais aucune association n’a pour l’instant communiqué. «Cette marche est symbolique de la prise de conscience des Marocains quant à leur environnement», commente Oussama Abaouss, fondateur d’Ecologie.ma. Et de conclure : «Espérons que cela porte ses fruits».

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