Le département des Affaires islamiques veut exercer un contrôle strict sur le choix des imams et prêcheurs du vendredi qui échappent à son emprise. A cet effet un décret ministériel publié au Bulletin Officiel accorde à une commission, dont la composition n’a pas été encore établie, le soin d’examiner les candidatures.
La date du concours et le nombre des postes d’emploi en jeu feront l’objet d’une communication aux intéressés sur le site du ministère et affichés dans les délégations du ministère. Le décret précise que ces nouvelles modalités sont conformes à l’article 40 du Dahir 1.14.104, du 20 mai 2014, relatif à l'organisation des tâches des préposés religieux et à la définition de leurs situations.
C’est en effet ce texte qui fixe les critères de sélection des agents contractuels : Ils doivent impérativement apprendre le Coran par cœur ; être titulaires d’une licence ou du diplôme de Dar Al Hadith Al Hassania ou de l’université Al Qarawiyyin ; répondre d’une expérience de quatre années dans l’exercice des fonctions d’imams ou de prêcheurs du vendredi et être âgés de moins de 50 ans le jour de la conclusion du contrat.
Une nouvelle étape dans la "réforme"
Le nouveau décret ministériel s’inscrit dans une politique tracée depuis plusieurs années visant un rajeunissement des effectifs avec l’intégration des lauréats des universités, notamment les étudiants des sections d'études islamiques, dans l’encadrement religieux des Marocains. Une entreprise entamée il y a 11 ans avec le discours du roi Mohammed VI de 2004 à l’occasion de la fête d’Al Maoulid.
Depuis, les initiatives se sont multipliées pour l’émergence d’un «islam marocain» avec comme socle la Commanderie des croyants et le ministère des Affaires islamiques dans le rôle de bras armé. Une mission à l’origine de mises à l’écart de plusieurs imams suspectés d’être proches du Mouvement unicité et réforme ou d’Al Adl Wal Ihsane.
Avec ce décret un pas de plus est franchi dans cette politique. Mais quel sera l'impact dans les campagnes et les montagnes où l’imam demeure lié à son véritable employeur qu’est la tribu et non le ministère ?