Le nouveau président du Conseil français du culte musulman (CFCM), Anouar Kbibech n’écarte pas l’idée d’inviter Marine Le Pen. Il l’a clairement fait savoir hier mardi 28 juillet à lors de son passage dans l’émission «Les Grandes gueules» diffusée sur RMC. A la question de savoir s’il pourrait inviter la présidente du Front National (FN) au CFCM, il a répondu : «Pourquoi pas, cela a été évoqué un moment donné. […] On ne fera pas de consignes de vote mais la participation au débat d'idée nous y sommes favorables».
Et la question avait toute sa place, car jusqu’ici, le nouveau président du CFCM a rencontré tous les partis politiques, sauf le FN. Mais on aura bien compris qu’il n’est pas question – pour le Franco-marocain- de traiter avec certaines formations politiques au détriment d’autres. «Le CFCM essaie d'avoir des relations cordiales et constructives avec l'ensemble des partis», a affirmé M. Kbibech. Ce n’est cependant pas pour autant que le Conseil fermera les yeux sur les déclarations politiques qu’il juge contraires à la réalité.
Même s’il y a divergence d’opinion…
Détaillant en effet son plan de lutte contre la radicalisation, Anouar Kbibech est revenu sur les dires de certains politiques, dont ceux du FN, qui dénoncent depuis quelques temps une soi-disant «déferlante salafiste» en France. «Il n'y a pas de déferlante salafiste», a-t-il insisté, soulignant que «2 400 à 2 500 mosquées ou lieux de culte sont affiliés au CFCM».
Reconnaissant l’accroissement (100 environ aujourd’hui, contre 50 à 60 en 2010) des mosquées à tendance salafiste sur lesquelles que le Conseil n’a pas le contrôle, le président du CFCM estime tout de même que cela n’équivaut pas à ce qu’on pourrait appeler une «déferlante».
A la veille de sa prise de fonction, Anouar Kbibech montrait déjà la place de choix qu'il accorderait au dialogue avec les personnalités, la lutte contre la radicalisation et l’émergence d’un islam de France au cours de son mandat. Sur les ondes de RMC, il a annoncé un travail de contextualisation de l’islam qui se fera «dans les mois à venir» via notamment le conseil théologique réunissant les oulémas de toute sensibilité dont la création est annoncée depuis plusieurs mois. «Nous allons faire ce travail de contextualisation […] en tenant compte de la réalité et de la tradition judéo-chrétienne de la société française», a-t-il confié.