Le caïdat de Bni Hassane relevant du territoire administratif de la province de Tétouan a connu, samedi après-midi et jusqu’aux premières heures du soir, une grande marche organisée par des cultivateurs de kif. Ils étaient plusieurs centaines à venir protester contre les mesures annoncées par les autorités locales. Celles-ci souhaitent interdire la culture de cette plante durant cette saison et ont menacé les agriculteurs de saisir leurs tracteurs. «Cette colère intervient immédiatement après l’arrestation de trois jeunes agriculteurs», déclare à Yabiladi, Jaber El Khatib, un acteur associatif.
Des responsables régionaux sont intervenus pour calmer les manifestants
Les marcheurs comptaient se rendre jusqu’à Tétouan mais un fort déploiement des forces de l’ordre, composé de gendarmes et de membres des forces auxiliaires dépêchés sur place, les a empêchés d’atteindre leur objectif. «En revanche, une partie de la route nationale Al Wahda reliant Tétouan à Chaouen a été bloquée pendant plus de six heures», nous indique la même source.
Les protestataires ont réclamé la venue du chef du gouvernement. Ils voulaient ainsi remettre directement leurs doléances à Abdelilah Benkirane. C’est l’intervention de certains dignitaires de la région qui a pu finalement débloquer la situation. Ils ont pu convaincre les manifestants de libérer la route en promettant de suspendre les décisions prises par le nouveau chef du cercle de Bni Hassane.
Les autorités céderont-elle à la pression ?
Aujourd’hui, un calme précaire prévaut dans la région. Mais Les cultivateurs se disent déterminés à défendre leur «droit» de semer du kif. D’autres actions de contestation ne sont pas à exclure dans les prochains jours au cas où les autorités locales recourraient à la manière forte en vue d'imposer le respect de la loi.
En l’absence d’alternatives, cette culture est la principale source financière de la population. Elle leur permet juste de vivre avec 25 000 à 30 000 dirhams par an. Une maigre somme par rapport aux millions générés par le trafic de drogue.
Ce n’est pas la première fois que ces agriculteurs manifestent leur mécontentement. «La nouvelle colère des habitants de Bni Hassane est, en effet, la troisième du genre après celles menées, en 2012, par des tribus à Bab Bered (province ce Chaouen) et à Al Hoceima», précise Jaber El Khatib. Toutes ces actions avaient été menées pour réclamer l’autorisation de cultiver du kif.