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Grand Angle

Ismaël Ulrich Djoh Nwatchok : Le Cameroun dans la tête, le Maroc dans les mains

Ismaël Ulrich Djoh Nwatchok, 26 ans, a quitté le Cameroun il y a 6 ans pour poursuivre ses études à Casablanca. Emblématique de toute une génération de jeunes Africains de l’ouest qui part au Maghreb poursuivre ses études, il a raconté à Yabiladi.com comment il est passé de l’entre-soi protecteur de la communauté camerounaise à la rencontre des Marocains. Une histoire qui rappelle beaucoup celle des étudiants marocains en Europe.

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Ismaël Ulrich Djoh Nwatchok. /DRYabiladi
Temps de lecture: 4'

«Au début on se fie à celui qui est là avant nous, mais, peu à peu, on fait les choses pas soit même.» Ce qui ressemble à un adage est la conclusion de 8 ans de vie au Maroc, à Casablanca, par Ismaël Ulrich Djoh Nwatchok. Ce Camerounais de 26 ans, originaire de Bafia, est arrivé au Maroc pour poursuivre ses études supérieures et ne l’a plus quitté. Il est aujourd’hui consultant chef de projet comptabilité et paie à Inovteam Casablanca, filiale spécialisée dans le software du groupe BDO, avec l’envie «de s’ouvrir au maximum sur les Marocains».

Comme lui, ils seraient près de 10 000 venus d’Afrique subsaharienne pour poursuivre des études au Maroc avant de devenir bien souvent de jeunes actifs, rapportait Johara Berriane en 2009. «En 1994, on comptait 1 040 étudiants subsahariens inscrits dans les établissements publics marocains. Dix ans plus tard ils étaient déjà 4 477 étudiants», égrène-t-il dans son étude «Les étudiants subsahariens au Maroc : des migrants parmi d’autres ?»

A 19 ans, Ismaël quitte son pays pour poursuivre ses études à Casablanca. «J’aurais préféré aller en Tunisie, où j’avais quelques amis ou en France, mais finalement, mon vieux a opté pour le rapprochement familial», se souvient Ismaël. Ce sera le Maroc où vivent déjà depuis plusieurs années son frère Thierry et sa sœur Lili, à peine plus âgés que lui.

Il débute un cursus à l’Institut de Génie Appliqué (IGA), à Casablanca, avec la perspective d’intégrer ensuite la grande école de Rabat l’ISCAE, «mais j’ai appris qu’elle ne prenait qu’un seul étudiant étranger par an, alors j’ai continué à l’IGA» car dans la famille Djoh Nwatchok, «il fallait des résultats », souligne avec un sourire l’avant dernier né d’une fratrie de 5 enfants. Le père d’Ismaël était délégué provincial des Eaux et forêts et sa mère ingénieur agronome. Un statut et des revenus qui permettent au couple d’envoyer tous leurs enfants faire leurs études à l’étranger. «Mon frère, Thierry, est ingénieur en télécom, ma sœur, Lili, a un master en comptabilité et est gérante de la société de son mari gabonais, ici, à Casablanca», souligne Ismaël. Il s’agissait d’être à la hauteur.

Nostalgie du pays

Ismaël Ulrich réussit sans peine ses études. Les difficultés se situent ailleurs car en dépit de la présence de son frère et de sa sœur, le Cameroun lui manque. «Les mets de chez nous, ma mère, mes amis de là bas ... Ici, on a n’a pas le même sentiment de sérénité que l’on ressent quand on est chez soi», explique-t-il.  Depuis qu’il est au Maroc, Ismaël n’est rentré qu’une seule fois au Cameroun. C’était en 2009, trois ans après avoir quitté le foyer familial. «Papa est décédé pendant que j’étais là, on a appelé mon frère et mes sœurs et tout le monde a pu être venir à Yaoundé sauf ma sœur aînée qui vit en Belgique», se souvient le jeune homme. Malgré le drame chacun retourne dans son pays d’accueil.

A l’IGA, pendant ses 5 ans d’étude, la méconnaissance des pays subsahariens par les étudiants marocains «surprend» le jeune Camerounais. «Certains nous demandaient : est ce qu’il y a des écoles dans ton pays ? Dans quoi vous vivez ?», se souvient-il. Les professeurs ne relèvent pas toujours le niveau : «un jour, l’un d’entre eux nous a dit que la jeunesse arabe était plus intelligente que la jeunesse africaine.» Ces remarques ouvertement racistes se sont poursuivies plus insidieusement.

Dans son précédent emploi, les collègues d’Ismaël l’interpellaient parfois avec des formules comme «Vous les Africains !». «J’ai dû resserrer les vis avec eux car même si ce n’est pas dit pour vous blesser, c’est une façon de vous minimiser, de mettre une frontière», expliquait à l’époque Ismaël. Avec le temps, les Subsahariens se font cependant une place dans le pays et la population marocaine s’habitue à leur présence. A Inovteam Casablanca, «le gars que je remplace était Ivoirien, mes collègues étaient déjà familiarisés avec les différences de cultures. J’ai été très bien accepté», se réjouit aujourd’hui Ismaël.

Du communautarisme à l'intégration

Si le souvenir de ces remarques n’entame plus, aujourd’hui, la joie de vivre du Camerounais ni son affection sincère pour le pays, il reconnait qu’au début de son séjour au Maroc, il n’en allait pas de même. «C’est difficile, à 19 ans, de tout gérer à la fois, alors on avait tendance à rester entre nous», avoue Ismaël. Pendant 5 ans, il habite ainsi dans un immeuble où il n’y que des Subsahariens. «Le fils du proprio a fait ses études au Canada et a ressenti le même sentiment de rejet que nous. Quand il est revenu au Maroc, il a décidé de réserver son immeuble aux étrangers pour que l’on s’y sente comme chez nous, raconte Ismaël. On s’y croyait ! En entrant, tu entendais la musique de chez nous, les odeurs des mets de chez nous ...» Pour sortir et découvrir le pays, il a recourt, également, au réseau très bien organisé des Camerounais du Maroc. Aujourd’hui, Ismaël a quitté son immeuble. «Je regrette de n’avoir vécu qu’avec des Camerounais car il y a beaucoup de chose que je ne connais pas à cause de ça», admet-il.

«Au départ, la première chose que j’ai aimé en arrivant, c’est la différence du Maroc avec mon pays. Par rapport au Cameroun, le Maroc est beaucoup plus développé.» Dans un deuxième temps, le jeune homme prend conscience des opportunités qu’offre le royaume. «Au Cameroun, un vendeur de fruits peut avoir une licence, ici, même sans diplôme, vous pouvez travailler dans un call center », a-t-il remarqué.

Vers un retour au pays ?

En décidant de travailler pour Inovteam, Ismaël entend accumuler le plus d’expérience possible pour en faire bénéficier ensuite son pays. «J’envisage de rentrer dans deux ans, d’autant que le secteur dans lequel je travaille ici est en plein développement au Cameroun, mais rien n’est encore décidé définitivement », tempère-t-il. Avec sa mère veuve, séparée de tous ses enfants et sa fratrie en passe de s’installer définitivement à l’étranger, le retour d’Ismaël est attendu. «On m’a même demandé d’épouser une Camerounaise, parce que ma sœur est mariée avec un Gabonais et mon frère est avec une Marocaine », s’amuse Ismaël.

Pourtant, plus le temps passe, plus le Maroc devient difficile à quitter pour le jeune homme. «Quelque part je m’habitue à un confort de vie ici et je n’ai pas envie de régresser», avoue-t-il. A chaque fois qu’il rentre, il constate que le pays et les gens qu’il connait ont changé. «Avec la famille que je ne vois pas, il y a une forme de distance qui s’installe, on ne fait plus face aux mêmes choses», reconnait le jeune homme. Il craint aussi que certains aspects du Maroc lui manquent. Si je reviens au Cameroun, «est ce que je vais pouvoir m’adapter une deuxième fois ?» s’interroge Ismaël Ulrich Djoh Nwatchok.

tu te sent persécuté ?
Auteur : Loutfi-mre
Date : le 09 décembre 2014 à 14h14
Pour faire simple , tu as mal interpréter mon commentaire . Tu me pose trop de questions sans me laisser le temps de te repondre et de cette façon tu complique volontairement notre dialogue et finir par le rendre incompréhensible d'ailleurs tu me catalogue comme étant un musulman sans me connaître c'est dire a quel point que tu ne manque pas de préjugés sur les marocains . Et si tu croit que la devise de tout marocain c'est Dieu ,le roi et la patrie , ça prouvé une certaine méconnaissance du Maroc et de sa population , nous ne somme pas des clones .

Et effectivement il existe un lien que je ne voulais pas faire entre un étudiant étranger et un clandestin au Maroc c'est qu'ils sont tout les deux de passage et cherche a un moment ou un autre a rejoindre l'Europe . Et rien dans mon commentaire précédent ne pouvait laisser entendre que mon pays puisse être un eldorado pour des subsahariens .

Et pour te dire le fond de ma pensée , avant de ressentir de la joie pour la réussite scolaire des étudiants étranger , j'aimerais qu'on améliore le système éducatif et faire monté le taux d'alphabetisation qui est d'un niveau bien trop bas pour s'en réjouir .
Puuuf!!
Auteur : Yakou
Date : le 09 décembre 2014 à 09h26
@Louttfi, Rien à dire, au moins vous savez ce que veut dire être logique et cohérent dans son raisonnement.
Mais ne soit pas étonné d'un tel discours par des africains subsahariens qui se sentent dans la défensive. Pour eux c'est acceptable de cracher sur la figure de marocains qui les accueillent; par contre nous les marocains on a pas le droit de répondre pareil ou même d'une façon assez discrète et nous serions vite traités de raciste! On a aucun intérêt d’accueillir de tels gens, ils peuvent aller ailleurs, on a pas besoin d'eux pour s'enrichir culturellement puisque le Maroc est parmi les pays les PLUS riches culturellement et ça se voit sur nos différents rythmes musicales et sur les différentes traditions du Maroc. Par Définition, on est ouvert, on est Bon mais on est pas des cons comme on dit! Charité ordonné commence par soit même et aussi par ceux qui la méritent.
DESOLE...
Auteur : sidoine144
Date : le 09 décembre 2014 à 09h09
Justement il oubliera trés vite les marocains et le Maroc lorsque tout fier de partager son expérience au Maroc à travers Yaliladi les commentaires laissés par les uns et les autres sont très frustrants.Comment veux tu qu'à la lecture de ce que vous écrivez il soit fier de son expérience et de son véçu au Maroc.Prenant encore la France comme exemple puisque c'est le modèle Marocain est ce que tu sais combien de français d'origine marocaine ont occupé et occupe encore un poste ministériel en France et il n'ya pas que les Marocain mon cher.Juste pour te faire comprendre le vrai sens du mot intégration.Si tu n'acceptes pas l'autre et le rejette comment voudrais tu qu'il chante tes louanges?A la lecture de vos commentaires c'est clair que sa position par rapport au Maroc va changer.L'intégration c'est d'abord l'acceptation de l'autre.
Je ne comprend vraiment pas le lien que tu fais entre ce jeune étranger ayant réussit ses études au Maroc avec l'ensemble des immigrés clandestin au Maroc.Tu parle de n'importe quoi et mélange tout.On s'éloigne du débat.Qu'est ce que tu entends par valeurs patrimoine? Ou est le rapport avec le sujet?C'est quoi perdre la valeur de son identité?Tu utilise des mots à tors et travers je ne sais pas si tu comprends le sens de ces mots.Puisque tu es au Maroc c'est quoi le modéle d'identité Marocaine?Pour ma part je pense que le modèle Marocain est dicté par sa devise Dieu, la patrie, le roi.Dieu qui veut dire AMOUR toi en tant que musulman tu dois connaître mieux le sens de ce mot que moi.PATRIE aimer sa patrie, la porter toujours le plus haut possible et la partager et le ROI c'est le dirigeant et le maître d’œuvre.C'est ça le modèle identitaire Marocain pour ma part et dis moi en quoi est ce que la réussite au Maroc d'un jeune étranger dévalue cette valeur? Faut pas balancer les mots juste pour les balancer.Faut réfléchir avant d’écrire car tout le monde peut lire parfois les "bétises" que l'on écrit.
Pour terminer mon cher ami tu dois donc comprendre que les clandestins au Maroc n'y sont pas pour demeurer.Le Maroc n'est pas l'eldorado des subsaheriens arrêter de vous mentir à vous même.Ces clandestins sans papiers veulent aller en Europe.
Sur ceux je te souhaite bonne journée
Les bons sentiments
Auteur : Loutfi-mre
Date : le 09 décembre 2014 à 00h52
Je crois que c'est terrible mais je ne partage du tout votre impression .
Apparemment vous n'avez pas bien lu l'article et je crois que vous vous faites trop d'illusions .

Pour vous traduire sa 1ere phrase il dit clairement qu'il aurait préféré se rendre en Tunisie ou en France par ce qu'il avait une base d'interet et c'est donc malgré lui qu'il s'est retrouvé au Maroc et pas pour le paysage ou pour la soit disante l'hospitalité marocaine . Je crois sincèrement que vous rêvé quand vous dites qu'il n'oublira jamais le Maroc , comme si le Maroc l'avait sorti de l'enfer alors que le pays est infester de clandestins Africain et des populations qui ont fuit la guerre des pays arabes .

Etant moi même étranger je sais de quoi je parle , personnellement je n'est pas eu de problème pour m'intégré mais trop de diversité vous font perdre vos valeurs patrimoniale et votre identité perd toute sa valeur .

On ne peut pas régler tout les maux d'une société avec des bons sentiments . La roue tourne pour tout le monde , mais vous finissez avec une phrase en totale contradiction avec le reste de votre commentaire .
Je vous laisse medité la dessus .
Dernière modification le 09/12/2014 01:14
MON HUMBLE IMPRESSION
Auteur : sidoine144
Date : le 08 décembre 2014 à 23h38
A la lecture des commentaires des uns et des autres je regrette que grand nombre de marocains ayant commentés cet interview n'a rien compris aux messages que transmet cet échange et l'expérience de ce jeune camerounais.Pour ma part ça devrait être une fierté pour le Maroc et pour les marocains d'avoir aidé à la construction d'un homme qui pourra demain aidé une famille, un pays, un continent et participé à son niveau au développement de l'humanité.Combien de marocains ont cette chance, mais ne l'exploite pas?
Et ce garçon n'oubliera jamais que c'est le Maroc qui a été le moteur et qui a contribué et participé à son éducation et à sa formation à travers la qualité de l'éducation et surtout grâce à l'hospitalité du peuple marocains.C'est dommage de cracher en pleine figure le fruit de son travail après temps d'années.Toutes les grandes nations d'aujourd'hui ont été construites et sont encore construites de la mains des immigrés.Des Etats unis au Canada en passant par la France, l'Allemagne sont le fruit des étrangers d'un flux d'immigration, d'échanges, de diversités, de mixages; d'idées nouvelles.Un fagot de bois ne s'attache pas tout seul, l'union a toujours fait la force.C'est dommage qu'à la lecture de vos commentaires on s'aperçoit que vous ne l'avez pas compris mes chers frères marocains.Mais la roue tourne.Un jour nous rentrerons tous chez et nous mettrons en pratique nos expériences aux bénéfices des nôtres puisque nous sommes méconnus et rejetés chez vous.
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