Benkirane contre El Pais : La justice espagnole donne raison au chef du gouvernement

Après onze mois d’attente, la défense du gouvernement Benkirane a fini par convaincre la chambre criminelle près l’Audience Nationale de Madrid, de rouvrir l’enquête suspendue auparavant, concernant la diffusion d’une vidéo d’AQMI consacrée au Maroc, en septembre 2013, par le quotidien El Pais. Une décision annoncée, hier, par le département de Mustapha Ramid. L’exécutif marocain a subi, auparavant, deux revers devant la même juridiction : le premier remonte au 12 juin et le deuxième le 19 août.

«La vidéo est un appel évident et avéré au jihad»

Cette fois l’AN n’a pas pris en compte la décision de la direction d’El Pais de retirer la fameuse vidéo d’AQMI après cinq jours de diffusion sur le net, considérant qu’une seule minute de publication suffit pour donner des ordres de commettre des attentats.

Les juges ont également balayé d’un revers de main l’ «excuse» présentée par les responsables d'El Pais sur leur ignorance du contenu de l’enregistrement d’Al Qaida au Maghreb islamique, arguant qu’il est écrit en langue arabe. Les magistrats affirment, par ailleurs, que «la traduction sous-titrée en castellan, offerte par la partie plaignante, la nature des images et le message de la vidéo qui ne laisse aucun doute sur l’apologie au terrorisme islamiste radical» attestent qu’il s’agit «d’un appel évident et avéré au jihad».

Les références à Oussam Ben Laden et Droukdal enfoncent El Pais

Les juges de la chambre criminelle près l’Audience Nationale de Madrid, prenant à contre-pied les arguments de la direction d’El Pais ont conclu que les références à l’ex-chef d’Al Qaida Oussama Ben Laden, accompagnées (durant les minutes 3,30 et 28,25) par l’expression «que Dieu ait en sa sainte miséricorde», et celles au chef d’AQMI, (minutes 26,20 et 39,36) ponctuées par la prière «que Dieu le préserve», sont deux indicateurs, même «pour les profanes», d’apologie aux terrorisme et aux terroristes.

Le message d’Abdelmalek Droukdal, vers la fin de la vidéo, aux jeunes marocains de le rejoindre dans l’aventure jihadiste pour l’instauration de la Chariaâ est une autre preuve qui a convaincu les magistrats espagnols de déclasser la plainte du gouvernement Benkirane contre El Pais. Visiblement des preuves qui ont manqué aux juges qui avaient pourtant classé la plainte du Maroc à deux reprises.