Jean Yves Barcelo, conseiller inter-régional de l'ONU-Habitat, a ainsi déclaré à la MAP qu'entre 2000 et 2010, le Maroc a réussi à réduire la population dans les bidonvilles à 45,8 %, rapporte la MAP. Grâce à cette performance, le Royaume occupe la deuxième place mondiale, derrière l'Indonésie (47,5%), et devant l'Argentine (40,7%), la Colombie (39,7%), et l'Egypte (39,2%). Sur le plan continental, le Maroc et l'Egypte arrivent devant le Nigéria.
«Ce sont là des chiffres internationaux qui sont la traduction des efforts réalisés par le Maroc », déclarait encore le responsable onusien à la MAP. Mais la réalité de ces chiffres traduit-elle un succès total de la politique de lutte contre les bidonvilles? La réponse est négative quand on se penche sur les résultats sur le terrain.
Depuis le lancement en 2004 de l'opération «Ville sans bidonvilles» (VSB), 40 villes sur les 85 visées ont enregistré un succès de l'opération, et 16 autres devraient les rejoindre avant fin 2010, selon l'hebdomadaire La Vie Eco (LVE). Quand on sait que l'opération est censée échoir en 2012, il devient clair que pour les villes n'ayant pas encore été déclarées «sans bidonvilles» le temps se fait court. L'ambitieux projet de résorption de l'habitat précaire ayant fait face à une réalité bien difficile à aborder, le retard dans l'avancement des projet est on ne peut plus logique.
Selon de récentes statistiques du ministère de l'Habitat rapportées par LVE, 163 000 barraques auraient été détruites à ce jours, beaucoup resterait à faire, notamment dans le domaine du recasement des populations des bidonvilles. Ainsi, selon la publication, 156 600 logements sociaux auraient été mis en chantier contre 213 000 en 2008, et 90 000 unités auraient été livrées, contre 129 000 l'année précédente.
Pour le département de Toufiq Hejira, ces retards sont en grande partie imputables à une pénurie foncière, de même qu'à l'augmentation incontrôllée (incontrollable) du nombre de ménages habitant les bidonvilles. Une telle situation traduit les limites des pouvoirs publics, qui avaient d'ailleurs au mois de décembre dernier, dû faire appel à des opérateurs privés.
Notons également que des manquements avaient été signalés concernant l'accompagnement social des populations recasées. En effet en 2009, certains nouveaux quartiers où ont été construits les logements sociaux n'étaient toujours pas desservis en transports, n’avaient pas d’écoles, ni d'hôpitaux, en plus de nombreux autres équipements de proximité.
Ceci, combiné au fait que n'étant pas solvables, de nombreux foyers ont eu des difficultés à obtenir des prêts immobiliers pour obtenir des logements explique en partie le fait que les bidonvilles ne désemplissent pas. Détruire des habitations insalubres est bien beau, mais encore faut-il assurer l'accompagnement des personnes déplacées, une mission dans laquelle les politiques en vigueur démontrent encore quelques limites.
Les efforts produits par le Maroc dans le domaine de la lutte contre les bidonvilles sont certes encourageants, mais il sera bien difficile, vu la situation, de boucler ce dossier chaud à la date prévue.