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Grand Angle

Festival de Casablanca : Trouver l'équilibre entre méga-évènement et proximité

Cette année, le rendez-vous musical «Casamusic», en introduisant une programmation pluridisciplinaire et des regards et mémoires croisés sur la ville blanche, est redevenu le «Festival de Casablanca». Un festival à deux vitesses et un pari de concilier les deux. Difficile à tenir, mais une expérience à développer.

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Oxmo Puccino en concert à Casablanca. Photo: Karim Tibari
Temps de lecture: 3'

«Un vent de poésie urbaine a soufflé sur la 6ème édition du Festival de Casablanca», indiquent les organisateurs de cet événement qui s'est clôturé dimanche dernier. Un vent qui aura touché un très grand public : 80 000 spectateurs sur la scène El Hank à la Corniche pour écouter Sean Paul, 250 000 pour venir acclamer Haïfa Wehbe à Ben M’Sick ou encore Daoudi à Sidi Bernoussi et 400 000 personnes qui auraient vu le feu d'artifice de clôture dans la nuit de dimanche 18 à lundi 19 juillet. Au total, quelques 2,8 millions de spectateurs auraient sillonné les différentes scènes de la capitale économique du Royaume pendant ces quatre jours de festivités – un record dans la paysage marocain des festivals.

Un record dû en partie à la venue de stars du monde entier. Aux côtés de Sean Paul, Daoudi et Haïfa Wehbe, l'Américaine Missy Elliott était parmi les plus attendus du festival. Son spectacle aura valu la peine d'attendre, et peut-être que certains auront découvert en passant Oxmo Puccino, peu connu au Maroc.

Le même soir, Hindi Zahra, la chanteuse marocaine pour qui l'année 2010 pourrait être celle de la grande percée au niveau international, a enchanté le public sur la place Rachidi au centre ville. Entre ses chansons berbères et anglaises, certains auront préféré les anglaises, qui feraient mieux écho au caractère world de sa musique. Mélange de blues, de funk, de rock à la sauce marocaine, la chanteuse et son groupe jonglent avec les styles, et cette musique que l'on supposerait plutôt dans de petites scènes a fait son effet sur la foule présente dimanche soir.

Lundi, Casablanca retrouvait son activité habituelle. Les scènes se démontent, les traces s'effacent. Retour à la normale, comme si de rien n'était? Pas tout à fait. Géraldine Paoli, directrice artistique de la programmation «Nouzah Fenniah», nous expliquait que les personnes qu'elle a fait venir de l'étranger, «c'est pas du tout des gens qui arrivent et qui repartent». Au contraire, ce sont «des personnes qui s'inscrivent dans l'idée de développer des autonomies», autonomies qui se sont créées à partir de rencontres entre artistes et acteurs associatifs, dont de nombreux ont pu être mobilisés pour Nouzah Fennia.

Nouzah Fennia veut dire promenades artistiques et c'est la véritable nouveauté de ce festival. Des artistes de tous horizons – musique, arts plastiques, théâtre, poésie, danse... - ont été invités à monter des projets qui s'inscrivent dans le paysage urbain de la ville blanche. Comme l'explique Géraldine Paoli, à l'origine du concept de Nouzah Fennia, c'est ainsi qu'un festival purement musical est redevenu un festival pluridisciplinaire, que «Casamusic» et devenu le «Festival de Casablanca».

Entamée seulement trois mois à l'avance, l'improvisation était certes de mise, mais la programmation de Nourah Fenniah était néanmoins très conséquente. De nombreux partenaires associatifs casablancais ont pu être mobilisés pour déjouer leur avantage d'acteurs locaux. Leurs projets pour le festival s'inscrivent dans leur travail quotidien et ne se limitent pas à la seule durée du festival. Autre avantage : leur connaissance des lieux permet de faire découvrir Casablanca autrement que sur les sentiers battus.

Dans le Parc de la Ligue Arabe l'on pouvait croiser des conteurs, se laisser surprendre par un arbre sculpté ou alors assister à un atelier et des représentations cirque. Casamémoires proposait des visites de la ville, en partant d'un différent quartier à chaque jour du festival, notamment dans l'ancienne médina, où il était aussi possible de tomber sur conteurs et acrobates.

La nuit, la façade de l'ancienne cathédrale du Sacré Cœur de Casablanca se noyait dans les projections de vidéos filmées et montées lors d'ateliers qui ont précédé le festival. L'ancien lieu de culte était également l'endroit où, par messages vidéos et performances en direct, des danseurs, conteurs et musiciens se sont livrés à d'intensifs dialogues. Mais l'ancien Casablanca n'était pas le seul à trouver sa place dans la programmation. Maârif et notamment les marches du Twin Center se sont également vu transformés en scène musicale. Célébration de la ville dans ses multiples facettes, les promenades artistiques ont rassemblé de nombreux artistes et ont dégagé une créativité impressionnante. Espérons que l'expérience soit renouvelée.

casablanca
Auteur : fatima taouji
Date : le 22 juillet 2010 à 17h42
c'est fou le manque de ma ville de naissance me manque (ma casablanca )
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