Hier à Rabat, le ministre de la Justice a tenu à rassurer certaines associations, convaincues du net recul du champ de la liberté d’expression au Maroc. Mustapha Ramid a essayé de balayer d’un revers de main les inquiétudes exprimées par Mohamed Zahari, le président de la Ligue marocaine des droits de l’Homme, organisation proche du parti de l’Istiqlal, sur la montée des restrictions des activités des ONG. Si dans un premier temps, le ministre a parlé de «cas isolés», il s'est ensuite très vite lâché.
Pour le ministre de la Justice et des Libertés toutes les «parties» qui agissent de la sorte contre des associations, dûment reconnues, sont «dans l’illégalité». Une position qui atteste, si besoin est, que sur ce sujet les membres du gouvernement Benkirane ne jouent pas la même partition.
Ramid tance le ministère de l’Intérieur de manière implicite
Une intervention qui confirme certaines informations faisant état de la désapprobation de Mustapha Ramid suite à l’interdiction d’une activité de l’AMDH. Le 5 septembre, les autorités de Rabat, sous la tutelle du ministère de l’Intérieur, ont refusé la tenue, dans une salle publique appartenant au ministère de la Jeunesse, d’une session de formation au profit des membres de l’ONG. Une semaine plus tard, c’est au tour d’une colonie de vacances de la section marocaine d’Amnesty d’être frappée par la même mesure. Ces deux cas sont les plus médiatisés mais il y en d’autres qui passent inaperçus. Un premier bilan établi par l’AMDH fait état ces derniers mois, de l’interdiction d’une dizaine d’activités au Maroc par les services de Mohamed Hassad.
Ce durcissement à l’égard de l’AMDH ou Amnesty est parfaitement conforme avec les propos du ministre de l’Intérieur tenus le 15 juin, devant la Chambre des représentants. Devant les députés, Mohamed Hassad estimait que sous couvert de défense des droits de l’Homme, des ONG mettent en doute l’action des services de sûreté, aidées en cela par les multiples soutiens financiers qu’elles reçoivent de l’étranger. Et d’avancer que ces fonds dépassent de 60% les aides de l’Etat destinées aux partis politiques.