Abdellah Nahari n’a décidément pas de limites. Le cheikh, habitué aux polémiques, vient de tenter une récupération des plus honteuses du drame de Bourgogne. Pour lui, l’effondrement vendredi des trois immeubles du quartier Casablanca, ayant fait 23 morts et des dizaines de blessés, n’est autre qu’un châtiment divin, infligé à ceux qui ne sont pas sortis faire leur prière à la mosquée, dans la nuit du drame.
Dans une vidéo postée dimanche 13 juillet sur son compte Youtube, le prédicateur commence, en effet, par évoquer l’actuelle offensive israélienne contre les Palestiniens avant de se lancer dans une comparaison, des plus tirées par les cheveux, entre les immeubles de Gaza qui «s’écroulent sous les bombes» et ceux de Casablanca «qui s’effondrent touts seuls». Jusqu’ici rien de choquant.
Un châtiment de Dieu selon lui
Mais son interprétation des faits qui suit sera, cependant, plus qu’indigne d’un prédicateur qui prétend parler au nom de l’islam. «Ceux qui sont sortis des trois immeubles, que ce soit avant ou après 2h pour aller à la mosquée, ont été épargnés par Allah et ceux qui ont préféré rester, ont été frappés par l’effondrement», a-t-il estimé tout sourire dans la vidéo. Il a vraisemblablement oublié que les femmes et les enfants, en plus des personnes malades, n’étaient pas obligés de faire le déplacement à la mosquée pour accomplir leur prière.
Le cheikh s’est par la suite moqué de l’ensemble des victimes. Selon lui, les trois immeubles effondrés, observaient le jeûne aussi. Du coup, sous l’effet du ramadan (mramdnine), ces immeubles, «dégoutés par les Marocains», se sont écroulés. Pour lui, une enquête ne servirait pas à grand-chose dans ces circonstances. Il a ensuite choisi un angle plus politique en pointant du doigt les caïds, le wali de Casablanca, les ministres de l’Intérieur et de l’Habitat ainsi que le gouvernement Benkirane.
Habitué aux polémiques
Son intervention n’a pas manqué de faire polémique sur les réseaux sociaux. Certains internautes demandent même à ce que le cheikh soit jugé devant un tribunal pour avoir manqué de respect aux victimes au nom de la religion musulmane. Abdellah Nahari est, toutefois, habitué à ce genre de sorties. Il poste régulièrement des vidéos dans lesquels il expose sa vision ultraconservatrice des enseignements de l’islam.
En juillet 2012, il avait même appelé au meurtre d’un journaliste d’Al Ahdath Al Maghribia, qui s’était déclaré en faveur de la liberté sexuelle des Marocains, y compris celle de sa sœur. Le prédicateur avait été néanmoins blanchi en avril 2013, par le tribunal de première instance d’Oujda. En se moquant des vicitimes de l’effondrement des immeubles de Casablanca, Abdellah Nahari a, une fois de plus, franchi la ligne rouge.