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Grand Angle  

Ramadan : La série marocaine « Mille et une nuits » au cœur d’un conflit judiciaire

«Mille et une nuits», une série adaptée du conte populaire éponyme, est diffusée chaque soir, depuis le début du ramadan, par la chaine de télévision marocaine Médi1 TV. Mais loin du petit écran, celle-ci est actuellement au cœur d’un conflit judiciaire. Une société de production dénommée Gumus Productions accuse son réalisateur de lui avoir volé le concept de la série. Des accusations qu’Anouar Moatassim dément en bloc. Explications. 

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Depuis le début du ramadan, les téléspectateurs marocains ont rendez-vous chaque soir, après le ftour, avec une série qui donne une impression de déjà vu. Celle-ci, intitulée «Mille et une nuits» et diffusée par la chaine de télévision marocaine privée Médi1 TV, est, en effet, basée sur le célèbre recueil de contes éponyme. Mais ce n’est pas tout. Le décor de la série, tournée principalement à Agadir, dans le sud du Maroc, rappelle beaucoup celui de Hareem Soltan, une série turque à grand succès qui raconte le brillant parcours de guerre de Soliman le Magnifique, 10e sultan des Ottomans.

La musique choisie par ses auteurs pour séparer les scènes au milieu de chaque épisode est aussi la même que celle d’une autre série turque dénommée Gumus, diffusée à partir de 2008 par plusieurs chaines de télévisons arabes. Coïncidence ou pas, Sophia Aghilass, qui a une société de production appelée justement «Gumus Productions», accuse le réalisateur des «Mille et une nuits» Anouar Moatassim de lui avoir «piqué» tout le concept de la série.

Un procès devant le tribunal de commerce

«Arrêtons les mensonges et duperies!!! Anouar Moatassim, et je ne me gênerai pas de citer son nom, est un menteur. Il a menti pour l'origine du concept, il a menti à Médi1 pour avoir le projet et maintenant il ment encore en disant avoir gagné le procès», dénonce Sophia Aghilass dans un message publié sur Facebook.

En réalité, l’affaire dure depuis plus de 3 mois. Selon elle, une première plainte «pour abus de confiance» a été déposée contre lui en première instance, avant d’être confiée par la suite au tribunal de commerce de Casablanca, plus apte à statuer dans ce genre d’affaire entre deux entreprises privées. La plainte, elle, vise Casablanca Pictures, une société de production basée à Casablanca, dirigée par Anouar Moatassim et Yanis Ayouch. Sophia Aghilass y réclame, entre autres, «l’arrêt immédiat de la diffusion» de la série par Médi1 TV. 

Un pilote à 55 000 euros ?

Selon Sophia Aghilass, l’idée de la série lui appartient. C’est elle qui aurait proposé au réalisateur une collaboration pour mener à bien son projet. Pour appuyer ses dires, cette dernière nous a envoyé plusieurs documents, dont une attestation légalisée datée de janvier 2013, dans laquelle le scénariste Rachid Soukri, affirme que le scénario du pilote de la série appelée alors «Shahrazade», est une œuvre originale de sa propre création.

Elle nous a également envoyé un document du Centre cinématographique marocain (CCM) attestant que le scénario de l’épisode pilote, «dont la production sera assurée par Gumus Productions est inscrit au Registre public de la cinématographie en date du 18 mars 2013». Elle affirme ainsi avoir financé le tournage du pilote qui a couté, selon elle, quelques 55 000 euros, soit plus de 610 000 dirhams.

Contactée après l’audience de mercredi dernier, la plaignante s’est voulue confiante. «Normalement, le verdict va être de notre coté. Ils (les avocats de la défense) n’ont rien ramené. Ils n’ont pas de preuves, mes avocats m’ont dit qu’on allait gagner, je suis rassurée», assure-t-elle. «Maintenant, je ne veux rien dire de plus d’ici mercredi prochain (Ndlr : date de la prochaine audience)», a-t-elle ajoutée.

«De fausses accusation» selon le réalisateur

Joint également par nos soins, Anouar Moatassim, le réalisateur est catégorique. «Cette dame m’a accusée d’avoir volé son concept. Elle avance de fausses accusations, sans aucune preuve, sans aucun document», lance-t-il d’emblée. Selon ce dernier, «dès le départ, elle était louche. Elle n’a pas été honnête, elle ne voulait pas signer de contrat avec moi alors que c’est ce qui était prévu dès le début».

«Elle n’a jamais voulu signer de contrat, ni avec moi, ni avec les comédiens et techniciens que j’ai moi-même amené, ni même avec l’équipe des effets spéciaux. Tous ont travaillé gratuitement, moi y compris, pour l’amour du métier. Avait-elle une idée derrière la tête ? Peu importe, quand on est professionnels, on signe des contrats. J’ai travaillé avec plusieurs boîtes de prod (…) qui ont tjrs signé des contrats comme la loi le demande. Mais elle, elle n’a jamais voulu le faire alors qu’elle l’avait promis  avant le tournage, ensuite pendant le tournage du pilote que j’ai créé. Elle n’a jamais tenu parole donc j’ai décidé de cesser toute collaboration», explique  Anouar Moatassim.

«J’ai tout fait !»

Pour ce qui est du pilote, ce dernier assure que Gumus Production n’a pas payé grand-chose. «J’ai tout fait. Elle n’a fait que payer le trajet entre Casablanca et Agadir, l’hôtel et la nourriture. Tout le reste, je l’ai payé», assure-t-il. Il soutient également qu’en aout 2013, la plaignante était elle-même «partie voir la SNRT avec mon pilote et une série qui ressemblait à la mienne. Mais heureusement, la SNRT a vu dans son jeu, elle lui a dit que c’était le travail à Anouar».

«Lorsque j’ai signé le contrat avec Médi1 TV, avec ma boite de production, elle voulait nous trainer en justice, pour nous faire retarder le maximum dans notre travail. Si j’avais volé son concept, je n’aurais pas pu tourner 30 épisodes. C’est vrai qu’elle a protégé un scénario, mais celui-ci n’a rien à voir avec le scénario du pilote qu’on a tourné. J’ai tous les documents. Elle ne peut pas prouver quoi que ce soit. C’est un peu dommage pour elle», poursuit-il avant d’ajouter : «L’affaire ne fait que commencer».

La prochaine audience du procès devrait se tenir demain, mercredi 9 juillet. D’ici là, la série, dont les principaux rôles sont interprétés par Younès Bouab, Nadia Kounda, Mohamed El Khyari et Ayoub Layoussifi, continue à être diffusée sur Médi1 TV, à partir de 20h15 (heure marocaine).

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