«Ce n’est qu’à travers la mise en place de stratégies ciblées et cohérentes ainsi que l’approfondissement et l’élargissement des réformes structurelles, alliant les objectifs de compétitivité et de redistribution que notre pays pourra améliorer durablement le niveau de vie de sa population, faire émerger une véritable classe moyenne. C’est ce qu’a déclaré le gouverneur de Bank Al Maghrib, Abdelatif Jouahri, alors qu’il présentait au roi Mohammed V le rapport annuel de la Banque centrale, indique le communiqué de presse de l'Institution.
Pour en arriver à cette conclusion, M. Jouahri a dressé – avec l’équipe de BAM – le bilan de l’économie marocaine en 2013, lequel s’est avéré plutôt «satisfaisant, en dépit de la poursuite des effets de la crise mondiale». BAM confirme les données du rapport provisoire du Haut-Commissariat au Plan (HCP) au sujet de la croissance du PIB qui s’est améliorée à 4,4% contre 2,7% l’année précédente. Principal moteur de cette performance, la forte progression de la valeur ajoutée agricole.
L’autre aspect positif concerne les déficits jumeaux. Ceux-ci ont en effet connu une «sensible atténuation» après les dérapages de 2012, note le rapport. Ainsi, le déficit budgétaire est revenu à 5,5% du PIB contre 7,4% l’année précédente, tandis que le déficit du compte courant est passé de 9,7% à 7,6 du PIB. Ce recul est attribuable à «la bonne performance» à l’export (+8%) de certains métiers mondiaux, dont l’Automobile. De plus malgré la décompensation partielle des prix des carburants, «la politique prudente» menée par BAM a contribué à contenir l’inflation à 1,9%, contre 1,3% en 2012.
Dégradation de la situation sur le marché du travail
Certes tout cela a contribué à la création de 114.000 postes – le secteur des services étant le premier employeur du royaume – mais l’offre a été beaucoup moins importante que la demande. Le rapport note, en effet, une certaine dégradation de la situation sur le marché du travail avec une hausse du taux de chômage à 9,2% en 2013 au niveau national et jusqu’à 14% en milieu urbain portée par l’arrivée sur le marché du travail de 157 000 nouveaux demandeurs d’emploi. De plus, ce taux aurait pu s’aggraver davantage, si ce n'était le renoncement de certains chômeurs à la demande d’emploi qui a permis d’amortir le choc.
Cet état du marché du travail ne donne pas beaucoup de poids au maintien –par rapport à 2012- du rythme d’accroissement de la consommation des ménages (3,7%), sachant que leur investissement a enregistré un «léger recul» pour la deuxième année consécutive.
De nombreux défis
Dans ses recommandations, Abdelatif Jouahri est revenu, entre autres, sur «l’urgence de la réforme des régimes de retraite» et la nécessité d’améliorer la qualité de l’éducation et la formation, le but étant d’améliorer les chances des candidats à l’emploi une fois sur le marché du travail. D’ailleurs la lenteur du gouvernement sur ce dossier a déjà, à maintes reprises, été déploré par les organismes internationaux.
Le gouvernement est également appelé à poursuivre la réforme du système fiscal et de la caisse de compensation. Selon le gouverneur de la Banque centrale, c’est la conjugaison de tous ces efforts qui permettra au Maroc de «conforter sa position parmi les pays émergents».
Une récente étude du cabinet international Ernst & Young montrait que les pays émergents devraient héberger une classe moyenne de plus en plus importante dans les prochaines années. Mais visiblement le Maroc ne s’inscrit pas encore dans cette tendance, car tout récemment encore, la patronne du Fonds Monétaire International (FMI), Christine Lagarde, déplorait le recul de cette catégorie de la société au royaume.