En 2013, 86 000 enfants âgés de 7 à moins de 15 ans étaient en situation de travail au Maroc. C’est ce que révèle l’enquête du Haut-Commissariat au Plan (HCP) fraichement publiée et réalisée à l’occasion de la journée mondiale contre le travail des enfants célébrée le 12 juin dernier. Représentant en outre 57,2% des enfants actifs, les garçons sont plus concernés que les filles, d'après la même source.
Le HCP note «une forte régression» du phénomène ces 15 dernières années. Car en 2013, les enfants de 7 à moins de 15 ans au travail représentent 1,8% de l’ensemble des enfants de cette tranche d’âge, contre 9,7% en 1999.
88,3% des enfants actifs sont issus du milieu rural
Le Haut-commissariat regrette qu'en dépit des campagnes de sensibilisations menées au sujet du travail des enfants, le milieu rural reste le plus concerné par le phénomène. En effet, sur les 86 000 enfants actifs en 2013, 76 000 viennent du milieu rural, soit 88,3% de l’ensemble des enfants au travail, quand seulement 10 000 appartiennent au milieu urbain. Ainsi, «près de neuf enfants actifs occupés sur dix résident en milieu rural», affirme le HCP.
Par ailleurs, les régions concentrant le plus d’enfants actifs sont celles de Doukkala-Abda (24,8%), Marrakech-Tensift-Al Haouz (18,2%), Chaouia-Ouardigha (16,1%), et la région d’El Gharb-Chrarda- Beni Hssen (10%). Généralement, révèle l’enquête, le secteur de l’ «agriculture, forêt et pêche» est celui qui emploie le plus d’enfants (94% des actifs) en milieu rural. En zone urbaine en revanche, les services (65,5% des actifs), ainsi que l’industrie et l’artisanat (22,2%) sont les principaux employeurs des 7 à moins de 15 ans.
Redoubler d'efforts pour la scolarisation des plus jeunes
Parmi les explications au travail des enfants au Maroc, le HCP relève les conditions sociales difficiles, ainsi que les inégalités de chances d’accès et de réussite scolaire. «Malgré la quasi-généralisation de la scolarisation de l’enseignement primaire, les progrès réalisés au-delà de ce niveau demeurent insuffisants, le travail des enfants en est une des conséquences», estime l’Institution. En effet, 74,6% des enfants actifs en 2013 n’étaient pas scolarisés pour plusieurs raisons dont le manque d’intérêt pour l’école de la part de l’enfant, l’absence de moyens financiers pour couvrir les frais de scolarité ou encore l’obligation d’aider la famille.
Justement, l’enquête su HCP précise que le cadre familial des enfants actifs est pour beaucoup dans leur situation. Déjà ceux issus de familles de grandes tailles sont les plus concernés. D’après les chiffres, 75 135 ménages marocains (1,1% de l'ensemble des ménages) - dont la majorité est issue du milieu rural – font travailler au moins un de leurs enfants. A noter que, selon l’enquête, l’activité des enfants dans ces foyers est également fonction du statut social du chef de famille. Selon que ce dernier est instruit et dispose d'un emploi stable, les enfants sont moins susceptibles de travailler.
Le Maroc doit donc poursuivre les efforts pour éradiquer au maximum le travail des enfants qui ronge encore fortement la société rurale. Surtout en ce moment où il est suivi à la loupe par les organisations internationales après les multiples scandales survenus ces dernières années avec notamment les cas de maltraitance de certaines filles employées comme domestiques dans les villes du royaume.