Ahmet Mühsin Tüzer, un imam du sud de la Turquie, peut à présent continuer de chanter sans avoir à se soucier des autorités religieuses du pays. Ces dernières ont, en effet, tranché mardi après plusieurs mois d’enquête : «islam et rock'n roll ne sont pas totalement incompatibles».
«Je suis très heureux que les autorités religieuses aient prouvé au monde entier que notre religion était tolérante, et pas seulement une religion qui peut interdire des choses magnifiques», s'est félicité Ahmet Mühsin Tüzer, dans une déclaration à l'AFP. L’imam, âgé de 43 ans, officie dans la mosquée de Pinarköy, un hameau proche de la station balnéaire huppée de Kas.
Chanteur depuis 10 ans
Le religieux, qui était auparavant connu que de ses proches, est devenu célèbre il y a quelques mois. Chanteur depuis 10 ans déjà, le religieux est membre d’un groupe appelé Firock. Celui-ci joue de la musique rock imprégnée du soufisme, «loin des versions provocantes et extrêmes interprétées par certaines vedettes», note la même source.
L’été dernier, il s’est produit pour la première fois devant plusieurs centaines de spectateurs. C’est ainsi qu’il sortit de l’anonymat, faisant même polémique à l’époque dans un pays dirigé par des islamo-conservateurs.
La Présidence des affaires religieuses turques, la Diyanet, avait alors ouvert une enquête afin de déterminer si l’imam rockeur pouvait poursuivre sa carrière de chanteur en parallèle. L’autorité étatique a finalement décidé que oui. Ahmet Mühsin Tüzer devra, toutefois, faire quelques concessions. Il devra ne pas franchir certaines bornes, souligne-t-on, sans plus de précisions.
Bientôt en concert
«Les autorités vont garder l'œil sur moi», a-t-il confié. «Avant, je ne pouvais pas me produire tel que je suis vraiment à cause des pressions (…). Mais cette fois, vous allez voir un autre imam, aussi bien en matière de look que de répertoire», a-t-il promis. Le chanteur prépare à présent son prochain concert, prévu le 22 juin à Antalya, dans le sud de la Turquie. «Je vais être une vraie rock star», a-t-il ajouté, espérant attirer pas moins de 50 000 spectateurs.
L’imam turc fait par ailleurs penser à un autre de ses confrères, également adepte du soufisme. Abdullah Taqi Takazawa, le seul imam de Tokyo selon le magazine français Vice, est également tatoueur. Comme les Yakusas, il cherche «l'ultime voie de la vie», confiait-il.