Libérés par l'Espagne, 8 narcotrafiquants Egyptiens pourraient être jugés au Maroc

La justice marocaine pourrait bientôt juger des narcotrafiquants égyptiens actuellement entre les mains de l'Espagne. Les autorités chérifiennes ont contacté leurs homologues ibériques pour s’enquérir des détails liées à la libération de ces narcotrafiquants, rapporte la presse locale. Rabat prendrait cette liberté car la drogue trafiquée proviendrait du Maroc.

En effet, l’Espagne les a libérés le 8 avril dernier, indiquant que les tribunaux locaux n’avaient pas les compétences requises pour l’instruction, en raison de la réforme de la justice universelle espagnole. Ces hommes avaient été arrêtés le 6 mars dernier à environ 60 miles au sud-est de Cabo de Gata (province d’Alméria), après les recherches menées par les services de douane espagnole et française. Leur bateau était parti d’Alexandrie en Egypte et sur le chemin retour se dirigeait vers la Libye. Les malfrats transportaient 450 ballots de haschich, soit environ une tonne, représentant une valeur de près de 60 millions d’euros. Les huit hommes avaient immédiatement été remis entre les mains de la justice espagnole.

Après leur sortie de prison, ils ont été transférés au centre d’accueil des étrangers de Madrid car, étant en situation irrégulière, ils sont soumis à la loi sur l’immigration. D’après leur avocat, Me Nabil El Meknassi, ils y resteront jusqu’à ce que leur dossier administratif soit enfin traité pour leur expulsion vers l’Egypte.

L’avocat s’y oppose et nie l’origine marocaine de la drogue trafiquée

En fait, la justice universelle en Espagne est un concept qui permet aux tribunaux locaux d’enquêter sur des faits commis à l‘étranger. Mais la réforme adoptée le 26 février dernier, sous proposition du Parti populaire (PP), leur a retiré ce droit. De plus, les textes ont restreint la compétence de la juridiction espagnole à instruire les délits de trafic de drogue, à seulement trois cas : soit lorsque l’infraction est commise sur son territoire, soit quand il s’agit d’un navire battant pavillon espagnol, soit lorsqu’il s’agit d’une organisation criminelle espagnole ou qui vise son territoire. En dehors de ces situations, la justice universelle espagnole se déclare incompétente.

L’avocat confirme que les autorités marocaines se sont informées sur cette affaire auprès de leurs homologues espagnols, mais nie l’origine marocaine de la drogue trafiquée par ses clients. D’après lui, cela «écarte toute possibilité» de jugement au Maroc pour ces narcotrafiquants.

Les réseaux entre le Maroc et l’Egypte sont pourtant très répendus

En Espagne, la libération des narcotrafiquants est dénoncée par tous les opposants à la réforme de la justice universelle, qui estiment que le trafic de drogue est un problème trop grave pour être ainsi traité. Rappelons que dans de tels cas, la Convention de Vienne contre le trafic illicite de stupéfiants et de substances psychotropes l’emporte sur les lois nationales de chaque pays. Une convention dont l’Espagne, le Maroc et l’Egypte sont signataires.

Au Maroc, aucune information ne filtre pour l’instant sur les intentions de Rabat dans cette affaire. Mais il n’est pas étonnant que les autorités chérifiennes s’y intéressent. Car avec sa «mauvaise réputation» de premier fournisseur de cannabis au monde depuis une douzaine d’années, les autorités se sont lancées dans une lutte acharnée contre le trafic de drogue. De plus le Maroc a des raisons de s’interroger dans l’affaire récemment traitée en Espagne, puisque plusieurs démantèlements de réseaux de narcotrafiquants opérés ces dernières années ont révélé l’existence d’un trafic bien établi entre le Maroc, l’Egypte et la Libye, comme c’était notamment le cas en 2012 et 2013.