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Grand Angle

La CDG engagée dans une course d'endurance pour le développement du Maroc, peut-elle courir aussi le sprint en Afrique ?

Aujourd'hui, le discours des dirigeants d'entreprises ou d'institutions publiques marocaines se conjuguent de plus en plus au temps de l'Afrique. Les banques, les assurances, certains opérateurs dans l'immobilier ou les télécoms sont habitués à présenter le volet africain lors de la présentation de leurs résultats. La CDG, même timidement, suit le mouvement.

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Anas Houir Alami avec les directeurs adjoints lors de la conférence de presse / Ph. Yabiladi
Temps de lecture: 3'

La Caisse de dépôt et de gestion (CDG) a fort à faire avec les ambitions de l'Etat marocain. Que cela soit sur le volet national ou régional, les besoins de financement de grands projets structurants se multiplient. L'immobilier, les bureaux, les zones offshores, industrielles ou agricoles, les aménagements touristiques, autant d'investissements importants engagés. Sans compter l'activité de la CDG dans le domaine de l'assurance et de la finance qui constitue encore une bonne partie du résultat net part du groupe (RNPG).

Pour faire face aux engagements du plan stratégique Oufoq 2015, la CDG mobilise en moyenne 10 milliards de dirhams d'investissements annuels, à comparer aux 3 milliards de dirhams annuels avant l'adoption de la vision Oufoq. Mais la CDG a-t-elle les moyens des récentes ambitions affichées par le roi et le gouvernement marocain ?

La CDG capable de courir que 80% de la distance

C'est dans ce sens que nous avons interrogé le directeur général, sur l'imbrication du projet en cours de livraison de la Marina de Casablanca, avec celui plus large, financé par le Fonds Wessal Capital. Ce dernier visant à offrir une nouvelle dimension à tout le quartier Casa Port, absorbera en quelque sorte la marina dans une ambition plus large. Anass Houir Alami s'est voulu rassurant mais sans rentrer dans les détails. Pour le Directeur général du groupe CDG, le projet Wessal Capital vient compléter l'impulsion initiée avec le projet de marina notamment au niveau "culturel avec la Cité des sciences, ou au niveau de l'hôtellerie".

Alors même que les livraisons des bâtiments de la marina ont commencé en ce début d'année, il n'a jamais vraiment évoqué ce projet. Il a préféré mentionner succinctement le projet Eco-cité de Zenata, ou plus longuement la concrétisation des implantations de grands groupes internationaux comme Bombardier au MidParc ou AIG à Casa Finance City.

Doit-on déceler dans ce discours, les signes d'un essoufflement de la CDG engagée dans de trop nombreux projets ? Le DG prépare déjà la presse en informant les journalistes qu'un taux de réalisation de 80 à 85% du plan stratégique à fin 2015 serait déjà satisfaisant. Si la CDG s'apprête à serrer les dents pour atteindre ce taux, il est évident que le financement des nouvelles ambitions de développement du Maroc sera à chercher ailleurs. Les fonds provenant des pays du Golfe pourraient donc être appelés à s'intensifier pour prendre le relais, comme on a pu le constater avec Wessal Capital.

Et le sprint africain ?

Sur le volet africain, Anas Alami a été très prudent lors de la conférence de presse annonçant les résultats financiers 2013 de son groupe. Seule annonce : la création d'une entité Novec Gabon détenu à 60% par Novec, la filiale ingénierie de la CDG, et à 40% par la CDC Gabon. Pourtant, les journalistes avaient soif d'informations au sujet de la présence du DG lors de la tournée royale. Il concèdera timidement la signature de 6 conventions mais sans rentrer dans les détails. Tout au plus parlera-t-il d'annonces futures pour "des projets en cours d'affinement".

Prudent, le directeur général de la CDG a tenu à préciser que le rôle de la CDG en Afrique sera essentiellement sur le volet accompagnement des entreprises marocaines ou sur son expertise financière. Même si certaines filiales, comme Novec ou la CGI, peuvent être concernées par l'investissement en Afrique, il a souligné que cela constituait un changement de paradigme important.

Ce qui nous renvoie donc à cette capacité financière qui suit difficilement les ambitions de développement du Maroc au niveau national, ainsi que sa volonté de conquête des marchés africains. L'argent des pays du Golfe servira-t-il également les ambitions marocaines en Afrique, dans le cadre d'une alliance stratégique entre le royaume chérifien et les pétromonarchies ? La prudence de la CDG appuie cette hypothèse déjà évoquée dans notre article du 2 avril.

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