Une ONG marocaine souhaite relancer le débat sur la liberté de conscience. L’association «Damir» (Conscience) vient de demander l’abrogation de l’article 220 du code pénal qui prévoit des peines d’emprisonnement entre «6 mois à 3 ans et une amende de 100 à 500 dirhams, quiconque emploie des moyens de séduction dans le but d'ébranler la foi d'un musulman ou de le convertir à une autre religion».
Justement ce texte juridique sert de base pour justifier les expulsions d’étrangers accusés de prosélytisme. Et il en est de même pour les procès intentés contre des Marocains convertis à une autre religion. Le cas de Mohamed El Baladi en est bien la preuve.
Réviser les manuels scolaires des enfants
En ligne de mire de l’association, les fatwas d’excommunication et d’incitation au meurtre lancées par des religieux marocains, à l’occasion de prêches du vendredi ou de messages postés sur le web, contre des personnalités politiques de gauche. «Damir» qui se veut foncièrement «laïque» et «moderniste», a appelé, également, le ministère de l’Education à entreprendre une révision totale des manuels scolaires des élèves en les débarrassant des «messages de haine et de discrimination qu’ils véhiculent».
Ce n’est d’ailleurs pas la première fois qu’une ONG marocaine est à l'origine de ce genre d'initiative. Dans le sillage des attentats terroristes du 16 mai 2003, une enseigne associative, actuellement en rade depuis bien des années, dirigée par une personne à l’époque proche de Fouad Ali El Himma, avait exprimé la même demande.
L’ONG est présidée par un ancien proche d’El Himma
«Damir» est également présidée par un ancien proche de FAH. Son secrétaire général, Salah El Ouadiî, est un ancien détenu politique durant les années de plomb. Cet ex-membre du bureau politique du PAM tombé en disgrâce suite à la prise en main du parti par Ilyas El Omari, a été contraint de présenter sa démission du parti du Tracteur.
La direction de l’ONG compte également la présence du controversé militant amazigh, Mohamed Assid, un membre de l’IRCAM connu pour ses positions hostiles aux mouvements islamistes. Enfin l'association compte dans ses rangs, Said Saâdi du PPS, ancien secrétaire d’Etat à la Famille et à l’Enfance sous le gouvernement Youssoufi I. Il était l’auteur du plan d’action pour l’intégration de la femme au développement, avorté, en 1999, suite aux grandes manifestations des partisans de Benkirane.