L’affaire Dassault prend de nouvelles proportions. Mercredi, l’ambassade du Maroc en France a décidé de sortir de son silence, en apportant des précisions aux accusations formulées par trois hommes contre l’industriel et sénateur français de l’UMP. Dans une note reprise par MAP Paris, elle a indiqué qu’elle «réfute toute allégation mensongère à l'égard de ses diplomates et se défendra contre toute partie insinuant la participation à de quelconques plans ou actes malveillants, en dehors du cadre légal et du strict respect des règles de droit».
La représentation diplomatique du royaume a certes confirmé la tenue, le 14 février 2013 au siège du groupe Dassault, d’un déjeuner réunissant Riad Ramzi, son chargé d'affaires, le sénateur Serge Dassault et le maire de Corbeil-Essonnes, Jean-Pierre Bechter. Mais, elle s’explique sur le contenu de ce rendez-vous. C’était, selon elle, «l'occasion d'aborder les relations entre le Maroc et la France, notamment sur les plans économique, culturel et social». «Au cours de cette entrevue, Dassault a sollicité la médiation de l'ambassade auprès des familles de quelques habitants de Corbeil-Essonnes d'origine marocaine, suite à des harcèlements dont il serait victime», souligne-t-elle.
Alors que Hou reproche à Dassault d’avoir fomenté son arrestation et celle de deux autres hommes au Maroc pour les éloigner de Corbeil-Essonnes, l’ambassade marocaine, qui a confirmé la présence de son ancien chargé d’affaires, s’en lave complètement les mains. Sur Le Monde, on indique que cette rencontre a été tenue officiellement pour parler de la vente d'avions F16 et du Rafale. Mais, selon cette même source, officieusement, on aurait également évoqué ces «loustics» - au Maroc - qui menacent l'industriel ainsi que le moyen d’éviter qu’ils ne déballent tout ce qu’ils savaient.
L’ambassade sollicitée par Dassault, sans suite
L’industriel a en tout cas confirmé avoir demandé la médiation de l’ambassade suite aux «menaces» qu’il aurait reçues de deux «loustics». «Au cours de cette entrevue, M. Dassault a sollicité la médiation de l'ambassade auprès des familles de quelques habitants de Corbeil-Essonnes d'origine marocaine suite à des harcèlements dont il serait victime. Pour permettre d'évaluer cette requête et déterminer la suite à lui donner, le chargé d'affaires, - Riad Ramzi -, a demandé que des informations plus détaillées à ce sujet soient transmises à l'ambassade, ce qui ne fut jamais fait», explique l'ambassade. Toutefois, selon cette dernière, la «requête resta dès lors sans suite et aucun contact ultérieur n'a eu lieu».
Médiation avec les familles ?
Pour ce déjeuneur, Jean-Pierre Bechter a pourtant tenu à avoir les noms et adresses des deux supposés «loustics». Le maire de Corbeil souligne que cela ne concernait qu’«une histoire de visa». Il confirme que «l'organigramme des réseaux de nuisance sur Corbeil» retrouvé dans son bureau et sur lequel figure le nom de Fatah Hou était la liste des «emmerdeurs qui nuisaient à Serge Dassault et à moi-même dans le cadre de nos activités à Corbeil-Essonnes». Pour lui, il s’agissait d’une tentative de «médiation» avec les parents des «loustics» parce que «les enfants déconnaient».
«Je sens que quand ils vont arriver au Maroc, ils vont être surpris de l'accueil à la descente de l'avion.» «Ça, c'est une bonne nouvelle (…), ça nous enlèvera une épine, hein», s’était réjoui Machiré Gassama au cours d’un échange à trois. «Oh putain, ça, c'est vrai...C'est les trois derniers emmerdeurs hein quand même», enchainait Jean-Pierre Bechter.
Serge Dassault s’est aussi expliqué sur ce déjeuner. Pour lui cette discussion avait pour but que ceux qu’il qualifie d’ harceleurs «aillent au Maroc dans leur famille et qu'on n'en entende plus parler à Corbeil...». «Si Fatah Hou avait été au Maroc, ça lui aurait évité de se faire tirer dessus.», ajoute-t-il.