Le Sahara est au cœur des préoccupations des fonds de pension publics suédois. L’exploitation du phosphate dans cette région crée des différends entre AP-Fonden, et deux groupes industriels australien et canadien dans le domaine de la chimie, Incitec Pivot et Potash. Ces entreprises sont accusées d’être des sociétés «non éthiques» et paient les frais pour avoir acheté du phosphate extrait au Sahara par une compagnie minière marocaine, en l’occurrence l’OCP.
Selon un communiqué de l’AP-Fonden repris par l’AFP, quatre de ces fonds ont déjà cédé leurs actions dans ces deux sociétés ciblées pour le même motif. «Le Conseil d'éthique discute avec les deux groupes depuis 2010 afin qu'ils cessent leur approvisionnement en phosphate depuis le Sahara (...) ou qu'ils prouvent que le processus d'extraction est conforme aux intérêts et aux vœux du peuple sahraoui», a expliqué AP-Fonden à la même source.
D’après AP-Fondem, le conseiller juridique du Conseil de sécurité à l’ONU, le Suédois Hans Corell, avait indiqué, en janvier 2012, que l'exploitation de ressources minières au Sahara occidental sans accord local «enfreindrait le Pacte international relatif aux droits civils et politiques et le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels».
AP-Fonden dit se servir des résolutions de l'ONU
Les militants indépendantistes sahraouis trouvent beaucoup d’échos dans les pays scandinaves, et notamment en Suède. La recommandation d'exclure Incitec Pivot et Potash d’AP-Fonden est en tout cas un signal fort du soutien des fonds aux séparatistes. AP-Fonden justifie sa décision sur des résolutions des Nations unies. «Le Sahara occidental est sous occupation marocaine depuis 1975 et est sur la liste des Nations unies de territoires non autonomes qui relèvent de la décolonisation», explique-t-il.
En décembre 2012, la même attitude avait d’ailleurs été adoptée par le parlement du pays scandinave qui avait voté une motion demandant au gouvernement de «reconnaître au plus vite la République arabe sahraouie démocratique comme État libre et indépendant». Toutefois, cette motion, si elle avait été validée par l’opposition, avait essuyé le rejet de la minorité de centre droit proche du gouvernement. Pour sa part, l'exécutif suédois avait pris position également, indiquant fermement qu’il n'avait «aucunement l'intention de reconnaître le Sahara occidental».
Selon une autre source, un appui pro sahraoui particulier à travers des mouvements de soutien existe en Suède. C’est le cas notamment du Western Sahara Resource Watch (WSRW, une organisation basée en Scandinavie, aux Pays-Bas et au Royaume-Uni, qui considère l'exploitation des ressources naturelles du Sahara occidental par le Maroc comme illégal.