Zakaria Ajnekhat, un professeur marocain de langue arabe, est soupçonné par les autorités de prêcher l’athéisme à l’école où il enseigne. L’établissement, un collège dénommé «Arrachad», est situé dans la commune rurale d’Ouled Hamdane, dans province d'El Jadida, à une centaine de kilomètres de Casablanca, précise le quotidien arabophone Al Ahdat Almaghribia, qui rapporte l’information mardi. Selon le journal, l’enseignant a été arrêté, lundi, suite à une plainte déposée par une dizaine de parents d’élèves, l’accusant de véhiculer des messages anti-islam et réfutant l’existence de Dieu, en classe.
Placé en garde à vue, l’homme a fait l’objet d’un interrogatoire policier avant d’être relâché, le même jour, dans la soirée, grâce à la mobilisation de certains professeurs et syndicalistes locaux, souligne la même source. La gendarmerie l’a, toutefois, convoqué une deuxième fois mardi, afin qu’il poursuive son interrogatoire. Contacté par le site d’actualité Lakome.com, Zakaria Ajnekhat a réfuté toutes les accusations dont il fait l’objet.
Deux barbus
Selon sa version des faits, deux gendarmes, accompagnés de deux hommes «barbus» sont venus lundi à l’école en question. En l’absence du directeur de l’établissement, ils ont fait appel à quatre collégiennes pour les interroger dans la salle des professeurs. Alerté, Zakaria Ajnekhat n’a pas hésité à exprimer son désaccord avec cette méthode, refusant à son tour de subir un interrogatoire sur place. Les gendarmes l’ont alors emmené au poste où il a nié touts les faits qui lui sont reprochés, a-t-il expliqué.
Selon le professeur, son arrestation est un coup monté, entre autres, par une personne qui prétend présider une association de parents d’élèves proche d’une organisation salafiste. Appuyée par certains de ses collègues, cette personne, dont l’identité n’a pas été révélée, aurait convaincu une dizaine de parents d’élèves d'adresser une plainte à la gendarmerie et à la délégation provinciale du ministère de l'Education nationale, l'accusant «de nier l'existence de Dieu, nier que l'alcool soit interdit par la religion, d'émettre des doutes sur l'authenticité du Coran et d'encourager les femmes à mettre en évidence leurs charmes». L’homme, qui assure que rien de cela n’est vrai, est convaincu que ce sont plutôt ses activités au sein d’un club des droits de l’Homme qu’il préside, qui dérangent le plus.
Qu’en dit la loi ?
Pour l’instant, aucune communication officielle sur cette affaire n’a été faite. On ne sait également pas si une enquête a été lancée à son encontre. Si les accusations qui sont portées contre lui sont retenues, Zakaria Ajnekhat risque la prison. Le Code pénal marocain prévoit, en effet, une peine allant jusqu’à 3 ans de prison pour ce genre de cas.
«Quiconque, par des violences ou des menaces, a contraint ou empêché une ou plusieurs personnes d'exercer un culte, ou d'assister à l'exercice de ce culte, est puni d'un emprisonnement de six mois à trois ans et d'une amende de 200 à 500 dirhams. Est puni de la même peine, quiconque emploie des moyens de séduction dans le but d'ébranler la foi d'un musulman ou de le convertir à une autre religion, soit en exploitant sa faiblesse ou ses besoins, soit en utilisant à ces fins des établissements d'enseignement, de santé, des asiles ou des orphelinats. En cas de condamnation, la fermeture de l'établissement qui a servi à commettre le délit peut être ordonnée, soit définitivement, soit pour une durée qui ne peut excéder trois années», détaille l’article 220 du Code pénal. Affaire à suivre.