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Grand Angle

Maroc : la célèbre rose Kelaat M’Gouna n’a toujours pas d’indication géographique protégée

Lors du Salon de l’Agriculture de Meknès qui s’est terminé le 28 avril dernier, six indications géographiques protégées ont été distribuées à des agriculteurs marocains pour leurs produits de terroir uniques et de qualité. Il y avait la pomme de Midelt, le miel de Bakhnou Jbel Moulay Abdeslam dans le nord, l’huile d’olive vierge extra d’Ouazzane, les dattes Bouitoub de Tata, les nèfles de Zegzel dans l’Oriental et le couscous Khmassi du Sahara. Cependant, la célèbre rose de Kelaat M’Gouna n’a pas fait partie de la liste. Fraîchement crée, un think tank milite pour que cette rose retrouve ses lettres de noblesse.

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La célèbre rose de Kelaat M’Gouna va-t-elle connaitre le même sort que l’huile d’argan qui n’a reçu son indication géographique protégée qu’en 2009 alors que le Maroc produit de l’argan depuis des siècles? C’est fort probable, hélas.

Ca ne sent pas la rose !

«Aujourd’hui la rose de Kelaat M’Gouna n’a ni labellisation, ni indication géographique protégée, ni certification !», déplore Elhoussaine Ouhlisse, Président Fondateur du Centre Saghrou pour les Etudes et la Communication. Objectif du think tank : s’impliquer dans le développement de la ville et surtout permettre que les produits du terroir bénéficient de labels et de certifications. Le centre prévoit également une série de conférences à la Vallée des roses le 10 mai prochain pour discuter des moyens de valoriser les produits de la ville.

Le risque aujourd’hui d’avoir une rose qui n’a toujours pas été certifiée «indication géographique protégée» est que n’importe qui de l’étranger peut venir aujourd’hui à Kelaat M’Gouna, acheter de l’essence ou de l’huile de rose et repartir tranquillement chez lui pour fabriquer des produits à base de cette rose, sans ne jamais à avoir à mentionner l’origine de la rose. C’est ce qui s’est passé avec la marque américano-israélienne MoroccanOil. La société fait fortune grâce à des produits de beauté dont l’élément de base est l’huile d’argan du Maroc, mais elle ne mentionne jamais l’origine de l’huile, préférant dire «made in Israël» sur les emballages des bouteilles.

Pourtant la rose de Kelaat M’Gouna est connue partout dans le monde comme étant un produit de qualité. «La rose qui pousse dans la ville s’appelle la Damescena. Elle pousse également en Turquie, en Hongrie et au Pakistan. Mais celle du Maroc est la meilleure car c’est la plus naturelle. Elle est également réputée pour son parfum unique», poursuit Elhoussaine Ouhlisse.

Une rose bio

En plus de décrocher des labels pour protéger ce produit du terroir marocain, Elhoussaine a également un autre objectif : faire que la rose de Kelaat M’Gouna devienne un produit bio pour être mieux vendu à l’international, notamment chez les professionnels de la cosmétique. Il explique que les agriculteurs de Kelaat M’Gouna n’ont pas assez conscience de la richesse de ces roses. Ainsi, ils n’hésitent pas à planter des rosiers près des cultures de blé ou de légumes pour délimiter leurs parcelles. Conséquence : les rosiers sont inondés d’engrais et de pesticides. Elhoussaine Ouhlisse souhaite encourager les agriculteurs à produire plus de roses bio mais sans augmenter les superficies de terres.

Chaque année, la cueillette des roses se fait durant deux semaines en mai seulement. «Aujourd’hui 2000 tonnes de roses sont récoltées par an dans la ville. L’idéal serait de porter cette quantité à 6000 tonnes», espère-t-il.

50 ans et toujours pas de patronage !

Pour célébrer la récolte des roses chaque année, la ville organise son traditionnel Moussem des roses qui est célébré depuis plus de 50 ans. Ce qui fait de lui l’un des festivals les plus anciens du Maroc. Néanmoins, autre incompréhension. Le festival ne jouit d’aucun patronage du roi Mohamed VI, comme c’est le cas pour la majorité des évènements culturels et agricoles au royaume. Un patronage qui permettrait à l’évènement d’attirer l’intérêt du public et des autorités. Mais les organisateurs n’ont jamais demandé à avoir ce patronage. Elhoussaine Ouhlisse espère décrocher cette mention pour le moussem de l’année prochaine.

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