L’aumônerie musulmane des prisons de France est en crise. Abdelhak Eddouk, qui officiait 2004 en tant qu’aumônier musulman à la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis, la plus grande d’Europe, a déposé sa démission il y a quelques semaines. Depuis, les raisons de son départ font l’objet d'une vive polémique au sein de cette institution. Dans un entretien avec l’AFP, publié ce vendredi 26 avril, Abdelhak Eddouk revient sur les raisons l’ayant poussé à quitter prématurément son poste. L’homme, natif de Casablanca, arrivé en France dans les années 80, explique vouloir, à travers sa démission, faire bouger les choses.
Manque de soutien
Abdelhak Eddouk accuse, en effet, un «manque de soutien» de la part de l'aumônier national Moulay El Hassan El Alaoui Talib qui, à ses yeux, ne fait que «toujours bloquer tout». «Il n'y a jamais d'alternative. Je n'ai pas le choix», regrette-t-il, espérant que son départ permettra de «remuer la question de la gestion de l'aumônerie musulmane des prisons». La démission d’Abdelhak Eddouk ne date pas d’aujourd’hui. Selon le journal La Croix, l’homme a déposé sa démission le 28 février dernier.
«Le manque de soutien, ainsi que la volonté des responsables de l’aumônerie musulmane des prisons de réduire au néant l’effort de ceux qui agissent sérieusement dans ce cadre, m’ont poussé à prendre cette décision», expliquait-il alors dans un communiqué. Khalil Merroun, recteur de la mosquée d'Évry-Courcouronnes, membre du Conseil français du culte musulman (CFCM) et ancien aumônier à Fleury-Mérogis, assure que tout allait bien jusqu’à présent à Fleury-Mérogis. L’aumônerie musulmane y «fonctionnait à merveille. Ces gens-là veulent démolir», estime le recteur.
L’aumônerie musulmane ne veut pas commenter
Contacté également par l’AFP, l’aumônerie nationale musulmane de France n’a pas souhaité faire de commentaires à ce sujet. «L'aumônerie nationale n'a reçu aucun commentaire, aucun communiqué de la part de M. Eddouk, excepté sa démission. Elle ne peut pas commenter ce qui n'a pas été reçu par elle», a déclaré Samia Ben Achouba, déléguée par l'aumônier national pour répondre à la presse.
Abdallah Zekri, membre aussi du CFCM et président de l'Observatoire national contre l'islamophobie, reconnait, pour sa part, l’existence d’ «une crise dans l'aumônerie des prisons». Il fait état également d’un certain climat de «mésentente» entre les différents acteurs de l’aumônerie musulmane en France, souligne la même source. Actuellement, ils sont 152 aumôniers musulmans dans les prisons de France. 30 postes supplémentaires devraient voir le jour d’ici fin 2014.
Extrait du film «Un aumônier musulman» (2011)