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Grand Angle

Revirement américain sur le Sahara : Pourquoi le Maroc aurait dû s’y attendre

La décision des Etats Unis de soutenir l’élargissement du mandat des casques bleus au Sahara continue de retentir au Maroc. Le choc a été brutal. Tout le monde, les autorités les premières, semblent avoir été pris de court, pourtant un faisceau d’éléments permet d’expliquer logiquement le revirement américain.

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John Kerry, le nouveau secrétaire d'Etat américain est-il celui par qui est venu le coup ? /DR
Temps de lecture: 4'

« Les négociations [à propos de l'opération militaire African Lion 2013, ndlr] entre les gouvernements des Etats-Unis et du Maroc continuent au niveau des missions de l’ONU», indique, laconique, Rodney Ford, information officer, au département des affaires publiques de l’ambassade des Etats Unis à Rabat. L’onde de choc provoquée par la décision des Etats Unis, le 9 avril, de présenter un projet de résolution élargissant le mandat de la Minurso à la surveillance du respect des droits de l’homme n’a toujours pas été absorbée. Au Maroc, la nouvelle a créé la stupeur, comme si personne ne s’y attendait. Quelques voix s’élèvent, pourtant, pour assurer que non seulement le revirement américain est rationnel, logique, voire que le Maroc aurait pu l’anticiper.

La première clé de compréhension c’est John Kerry. L’ancien candidat démocrate à la présidentielle américaine de 2004 a remplacé Hillary Clinton au poste de secrétaire d’Etat, le 1er février dernier. «On parle souvent de «pouvoir institutionnel» dans les décisions internationales, mais il y a aussi l’influence des personnes et les différents lobbying. Hillary Clinton, la précédente secrétaire d’Etat américaine avait tenu à préserver la relation des Etats Unis avec le Maroc. Sans soutenir la marocanité du Sahara, elle reconnaissait la présence administrative marocaine. John Kerry, s’est toujours opposé à la position marocaine, il a toujours prôné l’élargissement du mandat de la Minurso», explique Mohamed Darif, spécialiste de la question du Sahara.

John Kerry change la donne

Il «avait préconisé, en tant que Président de la commission des Affaires étrangères au Sénat, dès l’arrivée au pouvoir de l’Administration Obama en 2008, un rééquilibrage de la politique américaine au Maghreb au profit de l’Algérie. Il jugeait que les années Bush et Clinton ont largement favorisé le Maroc, sans apporter d’impact réel sur la situation politique au Sahara», rappelle Brahim Fassi Fihri, fondateur du think tank marocain Amadeus, et fils du ministre des Affaires étrangères et de la Coopération Taïeb Fassi Fihri, de 2002 à 2012 et actuellement conseiller royal.

Dès l’accession au poste de secrétaire d’Etat américain de John Kerry, nous avions ainsi indiqué que le Maroc perdait, avec Hillary Clinton, un allié sérieux aux Etats Unis, sur la question du Sahara. John Kerry est un proche de Kerry Kennedy, présidente du Centre Robert Kennedy : en novembre 2011, il était l’invité d’honneur de la cérémonie des remises des prix aux militants des droits de l’Homme primés par le centre. Du 24 au 31 août dernier, la fondation américaine a réalisé une mission d’observation au Sahara dont les résultats accablaient l’administration marocaine. «En s’intéressant au cas d’Aminatou Haïdar, la Fondation Robert Kennedy, a su sensibiliser une partie de la classe politique démocrate à la question de supposées atteintes généralisées des Droits de l’Homme au Sahara», estime Brahim Fassi Fihri.

Ross : l’incident diplomatique

Le site Lakome.com inverse la proposition : ce ne serait pas tant John Kerry qui aurait convaincu le reste de l’administration Obama de changer son fusil d’épaule, mais Christopher Ross, envoyé spécial des Nations Unies pour le Sahara, qui aurait convaincu John Kerry, selon «une source bien informée à Washington». Cette proposition tient également la route. Outre que John Kerry n’aura certainement pas été très difficile à convaincre - on l’a vu - Christopher Ross a également d’excellentes raisons – et même de très personnelles - de vouloir inclure la surveillance des droits de l’homme au mandat de la Minurso et ainsi mettre dans l’embarras le Maroc.

Mi-mai 2012, le Maroc avait annoncé qu’il retirait sa confiance à Christopher Ross, mais devant le désaveu général -les Etats Unis et Ban Ki-moon renouvellent leur confiance à Christopher Ross – le Maroc fait marche arrière, 6 mois plus tard. «Le cafouillage ayant conduit au retrait de la confiance par le Maroc de Christopher Ross lors de l’été 2012, a été considéré par l’administration américaine comme un affront pour leur diplomatie, et non comme une volonté de changement du Représentant Personnel du Secrétaire Général des Nations Unies», estime Brahim Fassi Fihri.

Responsabilité marocaine

Au-delà de l’offense personnelle qui lui a été faite par le Maroc, Christopher Ross, comme John Kerry et le reste de l’administration américaine, a assisté à la montée de la problématique des droits de l’homme au Sahara qui est intervenue plusieurs fois dans l’actualité récente du Maroc. Le procès du groupe de Gdeim Izik, des civils, s’est déroulé devant un tribunal militaire. Plusieurs associations des droits de l’homme ont dénoncé le déroulement du procès et les condamnations.

L’envoyé spécial de l’ONU sur la torture au Maroc, Juan Mendez, a également recensé des actes de tortures dans les prisons marocaines, dans son rapport final rendu publique au début du mois de mars. Dans son rapport il note avoir «reçu des témoignages crédibles au sujet de pressions physiques et mentales exercées sur des détenus pendant les interrogatoires dans des affaires de droit commun et, plus particulièrement, dans des affaires touchant la sûreté de l’État. Ces témoignages sont largement corroborés par des rapports médico-légaux».

«Je suis surpris de voir la presse marocaine appeller à l’union nationale sans jamais prendre le temps de se demander qui sont les responsables de ce revirement. Ce n’est pas seulement une question liée au droit de l’homme, c’est aussi le résultat d’une défaillance généralisée de l’Etat marocain : la gestion de l’affaire Aminatou Haidar, une nouvelle constitution pas crédible, le procès du groupe de Gdim Izik …», énumère Karim El Hajjaji, ancien président de l’association Capdéma (Cap démocratie Maroc), même s’il est contre l’élargissement du mandat de la Minurso à la surveillance des droits de l’homme au nom de la souveraineté marocaine.

Intérêts des USA au Maghreb

Dans ce contexte, les arguments de l’Algérie et du Polisario appelant à l’extension du mandat de la Minurso sont devenus plus audibles que jamais. Pour autant la question des droits de l’homme est régulièrement instrumentalisée et la véritable raison du revirement américain pourrait aussi se trouver dans leurs intérêts au Maghreb. «Les intérêts américains au Maroc, sont largement inférieurs à ceux que les Etats Unis ont en Algérie. Il y a le gaz et le pétrole, bien sûr, des échanges commerciaux largement supérieurs avec l’Algérie, mais aussi la dimension sécuritaire. Depuis 2011, l’Algérie est une source d’information sur le dossier terroriste au Sahel car elle accumule des connaissances avec sa propre expérience nationale», explique Mohamed Darif.

«Le Maroc a peut être pêché par vanité en pensant que la position de ses alliés traditionnels ne changerait pas», propose Abderrahim Kader. «Je pense qu’il faut étudier, également quelles sont les erreurs que le Maroc a pu faire dans sa gestion du dossier. Le Maroc va devoir revoir la façon dont il a traité le dossier et la modifier en fonction de l’évolution du rapport de force, qui pour l’heure, se fait manifestement contre le Maroc»

Avoir de nouveaux partenaires...
Auteur : malcomix_22533
Date : le 19 avril 2013 à 22h50
J'ai toujours pensé qu'un jour où l'autre les états-unis et même la france allaient s'éloigner du maroc en faveur de l'algérie ou du moins rééquilibrer leurs positions avec l'algérie car nous n'avons pas le pétrole et le gaz (pour l'instant???) et que ce pays de 37 millions d'hab est un marché potentiel plus important que le maroc.

Le maroc dois diversifier ces alliés c'est à dire doit avoir des alliés non occidentaux (la russie et la chine tout particulièrement) pourquoi pas offrir des facilités pour les navires de guerre russes par exemple histoire de faire chier l'Otan par exemple. Nous avons une position géostratégique très importante et il faut exploité cet atout à fond. Le maroc doit défendre ses intérêts et ses intérêts ne sont pas que de quémander les occidentaux, le maroc doit revoir sa position sur la syrie par exemple .
encore no comment
Auteur : ma2560
Date : le 19 avril 2013 à 22h20
un fassi fihri pour la politique et un autre pour la commenter,on ne sortira donc jamais de l'auberge dans ce cas tant pis o n n'est pas concernée puisque les memes font et feront toujours notre politique et notre diplomacie
pas un mot sur les droits de l homme a tindouf!!!
Auteur : axis7
Date : le 19 avril 2013 à 21h33
et les droits des humains a tindouf?
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