Les sites d’information au Maroc seront bientôt juridiquement reconnus. Le projet de loi y afférant est fin prêt et sera prochainement publié sur le site du Secrétariat général du gouvernement, tandis qu’un livre blanc sera mis à la disposition des journalistes du web dès cette semaine, a fait savoir le président de la commission chargée de l’élaboration du cadre juridique et du Livre blanc pour la promotion de la presse électronique au Maroc, Abdelwahab Errami, lors d’une conférence de presse organisée en fin de semaine dernière à Rabat sous l’égide du ministre de la Communication, Mustapha El Khalfi, rapporte L'Economiste.
Pour plus de professionnalisme
Ledit livre blanc traite d’une part les défis auxquels le secteur fait face et d’autre part, des recommandations permettant de les relever. En effet, le secteur de la presse en ligne est confronté à de nombreux défis. Selon les explications de M. Errami, il s’agit essentiellement de la faiblesse des ressources financières, le respect de la déontologie professionnelle, l’amélioration de la qualité du contenu, ainsi que le renforcement de la formation. «Le livre blanc devrait être un manuel de bonne conduite pour les journalistes du web». soutient M. El Khalfi.
En outre, les journalistes du web auront leur propre carte de presse, en accord avec le projet de loi. Cependant seuls les sites d’information s’inscrivant dans un processus de professionnalisation bénéficieront de l'aide, avertit M. Errami. Et d'ajouter: les autres «pourront toujours publier, mais s’ils transgressent la loi en matière d’édition, ils répondront de leurs actes devant la justice».
Renforcer la présence du numérique au Maroc
Il faut dire que l’amateurisme dans la presse en ligne au Maroc a lontemps été pointée du doigt. Une étude réalisée l’an dernier par l'Organisation islamique pour l'éducation, les sciences et la culture [Isesco] révélait que 63% des journaux électroniques dans le pays sont fictifs. Selon le ministre, toute cette réglementation permettra de renforcer la présence du numérique au Maroc. De plus, «avec 16 millions d’internautes et 500 sites d’information, il était nécessaire de réglementer ces entreprises du numérique qui contribueront à l’amélioration des résultats de la stratégie Maroc Numéric 2013», a-t-il affirmé.
L’urgence d’une réglementation pour la presse en ligne est signalée depuis fort longtemps, surtout par les professionnels. Et le département de la Communication a bien fait d'en faire un chantier prioritaire, bien qu'avec un certain retard. D'autant que, comme le dit Mohamed Ezzouak, fondateur de Yabiladi.com et membre de la Fédération marocaine des éditeurs de journaux (FMEJ), «le monde des médias est aujourd’hui en état de choc. Selon une étude américaine, la presse imprimée devrait disparaître aux États-Unis vers 2019. Le Maroc devrait être atteint par ce phénomène à l’horizon 2030. La presse imprimée va totalement disparaître, mais des journaux ou magazines de prestige resteront».