L’AMDH-Midelt a organisé, hier après-midi, mercredi 20 février, une manifestation en soutien à Moulay Hicham Himmi, le jeune carrossier qui a été contraint de baiser les pieds du substitut du procureur du tribunal de première instance de Midelt. Les faits remontent au 16 février. Furieux de ne pas avoir récupéré sa voiture réparée, le substitut du procureur se serait mis à insulter et cracher au visage du jeune garagiste. Emmené au commissariat par des policiers en civil, le carrossier aurait été obligé de baiser les chaussures du magistrat pour éviter qu'il ne dépose plainte.
"Le scandale de moul sabatte"
«Il y avait beaucoup de monde lors de cette manifestation, entre 5000 à 7000 personnes», explique Morad Chqondi, vice président de la section Midelt de l’AMDH. Parmi la foule, il y avait les représentant de l’AMDH, de partis politiques comme le PJD ou encore Al Adl Wal Ihassane, des membres du Mouvement du 20 février, sans oublier la famille de Moulay Hicham Himmi, ses parents, ses enfants et ses amis. «Si autant de gens ont fait le déplacement à la manifestation, c’est parce qu’ils ont été choqués de voir un petit travailleur baiser les pieds d’une personne haut placée. Midelt est une ville où il y a beaucoup d’agriculteurs. Ils ne sont pas riches. Pour eux, cette image d’un homme qui baise les pieds d’un autre est inacceptable et leur rappelle le Moyen-âge», explique-t-il.
Lors de la manifestation, la foule a appelé à la démission du substitut du procureur. Elle scandait et répétait «Méne Midelt tal R'bat, sam3ou lfdiha ta3 moul sabatte», signifiant «De Midelt à Rabat, ils ont entendu le scandale du propriétaire des chaussures». «Comme Moulay Hicham Himmi a dû se rabaisser pour baiser les pieds du substitut, nous nous sommes tous assis par terre, durant 5 minutes, et un manifestant a porté Moulay Hicham sur ses épaules, au milieu de la foule, pour tenter de lui redonner son honneur», poursuit Morad Chqondi.
Le magistrat sera-t-il auditionné ?
Ayant duré au total deux heures encadrée par la police, la manifestation s’est passée dans le plus grand calme, sans incident. L’AMDH se donne actuellement un répit de trois jours en attendant de voir si la justice va convoquer le magistrat pour une audition. «Notre plus grande crainte actuellement est que l’enquête soit classée sans suite, sans que le substitut, qui connait du monde dans le milieu judiciaire, ne soit poursuivi», confie Morad Chqondi. Il ajoute que l'antenne locale du PJD lui a fait savoir que le ministre de la Justice Mustapha Ramid suivait de près le dossier.
A ce jour, six témoins peuvent témoigner en faveur de Moulay Hicham : son patron qui a assisté au baise-pied, deux de ses collègues et deux autres garagistes voisins qui ont assisté et entendu les injures. Il y aurait un autre témoin, précise Morad Chqondi, qui souhaiterait également témoingner : il s’agit de l'un des policiers présents au commissariat. Les autres policiers ont refusé de témoigner.
Manifestation à Midelt en soutien au carrossier humilié