Annoncé en mai dernier, le projet de loi 56.12 concernant les chiens dangereux au Maroc se concrétise peu à peu. Le texte relatif à «la protection des personnes contre les dangers des chiens», a été adopté mercredi soir à l'unanimité par une commission de l’Intérieur, des collectivités territoriales, du logement et de la politique de la ville à la chambre des Représentants, rapporte L'Economiste. Ledit texte, élaboré par une commission interministérielle comprenant les départements de l’Intérieur, la Justice, la Santé, et l’Agriculture, devient ainsi la première loi sur la détention et la propriété des chiens et vient combler le vide juridique existant jusqu’à lors en la matière.
Selon la nouvelle loi, «tous les chiens qui se distinguent, au regard de leur race ou de leurs caractéristiques morphologiques, par une agressivité présentant un danger pour l'Homme» sont dit dangereux. Une liste de ces chiens sera établie prochainement par voie réglementaire.
Jusqu’à 5 ans de prison pour les propriétaires
La loi prévoit 50 000 dirhams d’amende et une peine d’emprisonnement allant jusqu’à 5 ans pour les propriétaires de cette catégorie de chiens. Les premiers concernés sont les maitres de pitbulls, a signalé le ministre de l’Intérieur Mohand Laensar lors d’une session parlementaire, rapporte AFP.
En outre, la loi contre les chiens dangereux ne résoudra pas seulement les questions de quiétude et de sécurité, mais aussi celle de coût. «La situation s’est aggravée avec la multiplication des décès dus à la rage canine, […] ce qui constitue une charge supplémentaire pour les finances locales», a précisé le ministre.
Une «vitoire» pour les victimes
Au Maroc, 50 000 morsures de chiens sont signalées chaque année. En considérant les agressions non déclarées, ce nombre devrait être plus important. La sécurité des citoyens est d’autant plus menacée par la prolifération des élevages clandestins des chiens dangereux et de violents combats assistés organisés notamment par des jeunes parieurs. Pire, ces chiens sont devenus l’outil de défense des malfrats contre les Forces de l'ordre, comme ce fut le cas à Beni Mellal. Un policier s'est retrouvé contraint d'utiliser son arme pour neutraliser le chien d'un trafiquant de drogue sur le point d'être arrêté.
L’adoption d’une loi en faveur des citoyens sera un soulagement pour les victimes. L’on se souvient encore du cas de Najwa en 2008. Alors âgée de 8 ans, la fillette avait été attaqué le pitbull dans la rue. Six mois plus tard, sa jambe a été amputée, malgré plusieurs interventions chirurgicales. Depuis son père se bat pour l’interdiction des chiens dangereux via l’Association Najwa des victimes de chiens [ANVC] qu’il a créée suite à l’incident. A l’annonce du projet de loi contre les chiens dangereux, il considérait cela comme «une victoire, un soulagement pour toutes les victimes des morsures de chiens».