Les gouvernements du Mali, du Burkina Faso et du Niger claquent la porte de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Une décision prise, dimanche 28 janvier, en toute «responsabilité» afin de répondre «aux attentes, préoccupations et aspirations» des trois peuples, indique le porte-parole du gouvernement de transition au pouvoir à Bamako, le colonel Abdoulaye Maïga, dans un communiqué. Ce retrait a un effet immédiat.
Les trois Etats accusent l’organisation régionale de ne leur avoir porté aucune assistance dans la lutte contre le terrorisme et l’insécurité. La CEDEAO a adopté une «posture irrationnelle et inacceptable en imposant des sanctions illégales, illégitimes, inhumaines et irresponsables en violation de ses propres textes. Des actes qui ont davantage fragilisé les populations déjà meurtries par des années de violences terroristes», déplore la même source.
Après les putschs au Mali, au Burkina Faso et au Niger, la CEDEAO a imposé des sanctions politiques, diplomatiques et économiques. Elle a même brandi la menace d’interventions armées pour rétablir les gouvernements civils, destitués par les militaires. Le communiqué accuse aussi la CEDEAO «d’être sous l’influence de puissances étrangères».
Les Etats du Sahel se rapprochent du Maroc
En rompant le cordon ombilical avec la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest, le Mali, le Burkina Faso et le Niger franchissent un nouveau pas dans le projet de «voler de leurs propres ails». En effet, les trois pays ont déjà quitté le G5 Sahel, lancé en 2014 par la France pour combattre les groupes terroristes dans la région, et créé, le 16 septembre 2023, l’Alliance des Etats du Sahel.
Un cadre qui ambitionne d’assurer une protection contre «toute attaque visant la souveraineté et l’intégrité territoriale» des trois membres. Un retrait qui a scellé la dissolution du G5 Sahel. L’article 20 de l’alliance militaire précise que «le G5 Sahel peut être dissous à la demande d’au moins trois Etats membres». La Mauritanie et le Tchad avaient annoncé, en décembre, respecter la décision de leurs anciens alliés.
Le Mali, le Burkina Faso, le Niger et le Tchad avaient adhéré, le 23 décembre, à l’initiative, lancée le 6 novembre dernier, par le roi Mohammed VI devant permettre aux pays du Sahel d’accéder à l’Atlantique. Un projet qui «offre de grandes opportunités pour la transformation économique de l’ensemble de la région en ce qu’elle contribuera à l’accélération de la connectivité régionale et des flux commerciaux, et à la prospérité partagée dans la région du Sahel», avaient salué les quatre Etats dans un communiqué.
La Mauritanie refuse, pour le moment, de leur emboîter le pas. Des considérations, se rapportant notamment à ses bonnes relations avec la France et l’Algérie, sont à même d’expliquer le silence mauritanien, et ce malgré l’invitation directe lancée, la semaine dernière, par le ministre marocain des Affaires étrangères. «La Mauritanie a sa place, son rôle et elle est un acteur essentiel dans cette initiative, conformément à la vision de Sa Majesté le roi Mohammed VI», a affirmé Nasser Bourita lors d’un point de presse animé, le 22 janvier à Rabat, avec son homologue mauritanien, Mohamed Salem Ould Merzoug.
Contrairement à la CEDEAO et à d’autres acteurs régionaux et internationaux, le Maroc n’a pas condamné les coups d’Etats survenus au Mali, Burkina Faso et au Niger. Le royaume a salué, aussi, l’installation de Mahamat Idriss Déby, président de la transition tchadienne, après l’assassinat de son père. Pour mémoire, le roi Mohammed VI s’est dit convaincu, dans un message datant du 24 avril 2021, que «le Président du Conseil militaire de transition (Mahamat Idriss Deby, ndlr) saura conduire la transition politique de la République du Tchad et consolider les fondements d’un Etat stable et prospère, ce qui ne manquera pas de contribuer à la sécurisation de l’ensemble de la région Sahélo-saharienne, à laquelle le défunt n’a cessé d’œuvrer».