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Grand Angle

Polyglotte en devenir, Noura El Merras promeut l’apprentissage des langues en ligne

Passionnée par les langues depuis son village natal au sud du Maroc, Noura El Merras réalise de petites vidéos qu’elle met en ligne sur ses réseaux sociaux, pour partager des notions linguistiques avec ses abonnés. Elle promeut ainsi l’apprentissage de l’anglais, du français, de l’espagnol, du turc ou encore du russe.

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Dans le contexte du confinement sanitaire dû à la pandémie de Covid-19 en 2020, beaucoup ont découvert de nouvelles occupations ou vocations. Dans son village près de Biougra, province de Chtouka Aït Baha  de la région Souss-Massa, Noura El Merras a su profiter des longues journées à la maison apprendre de nouvelles langues. Aujourd’hui, presque quatre ans plus tard, elle est une polyglotte en devenir.

Tout a commencé lorsque la jeune femme de 24 ans a décidé de réduire sa présence sur les réseaux sociaux et de consacrer son temps à une activité productive. Déjà amatrice des feuilletons turcs, elle a décidé de commencer par la langue turque. «Sans compte ni sur Instagram, ni sur Facebook, j’avais beaucoup de temps libre. J’ai pensé que je devrais apprendre une nouvelle langue et je me suis donc lancée», a déclaré Noura à Yabiladi.

Maîtrisant déjà couramment l’amazigh, sa langue maternelle, le français, puis l’anglais grâce au programme culturel de l’ambassade des Etats-Unis, Noura a su s’orienter vers de nouvelles notions linguistiques étrangères. Après le turc, elle est passée à l’espagnol, une langue qu’elle maîtrisait mieux.

Mais la manière dont Noura apprenait ces langues n’était pas du tout classique. «Je n’ai pas utilisé de manuels pédagogiques, parce que je n’y ai pas eu accès en turc ou en espagnol», se souvient-elle.

Passionné de nouveaux défis

La jeune femme a opté pour une méthode ludique, en regardant notamment des films, des séries et des vidéos sur YouTube. Après des mois d’apprentissage du turc et de l’espagnol, Noura a commencé à avoir un engouement pour le chinois.

«A Inzegane, nous avons cet immense marché, son nom est écrit en tifinagh, espagnol et anglais, que j’ai pu lire. Mais il y avait aussi des caractères que je ne parvenais pas à déchiffrer. C’était du chinois», se souvient Noura. «Je me suis dit, 'je sais lire toutes ces langues mais pas le chinois', ce qui m’a incité à apprendre la langue», raconte-t-elle.

Passionnée de nouveaux défis, la jeune diplômée a commencé à apprendre la langue à sa manière, en regardant encore des séries et des vidéos. «Le chinois est l’une des langues les plus faciles à apprendre. La grammaire est si simple. Le plus difficile, c’est plutôt l’écriture et la prononciation», nous dit-elle.

Passant désormais à l’apprentissage du russe, Noura a décidé de partager sa passion pour les langues sur les réseaux sociaux. En avril 2022, elle a lancé sa propre page Instagram, Let us be Polyglots. Elle met en ligne des vidéos et des supports simplifiés pour faire connaître les notions linguistiques du tachelhit, du français, de l’anglais, du turc, du chinois et du russe.

«Mon objectif est de montrer à mes abonnés qu’ils peuvent eux aussi apprendre deslangues étrangères, au-delà de l’anglais et du français. Onpeut facilement aller en Espagne, dont on n’est pas si loin, alors pourquoi ne pas apprendre l’espagnol ? Beaucoup aiment regarder des séries turques, pourquoi ne pas en profiter pour apprendre la langue à travers ces mêmes séries, et ainsi joindre l’utile à l’agréable ?»

Noura El Merras

Noura travaille actuellement dans un centre d’appels. Mais désormais, son temps libre est entièrement consacré à toutes sortes de langues. Elle tient parallèlement à partager cette occupation via ses réseaux sociaux. «Je ne veux pas m’en tenir à une seule langue, comme l’anglais, même si beaucoup me le conseillent. Personnellement, à chaque fois que je vois les mêmes choses encore et encore, je m’ennuie», affirme-t-elle.

La jeune femme, qui a étudié l’informatique appliquée, est également fière d’enseigner la langue de ses ancêtres, le tamazight, qui suscite de plus en plus d’intérêt après des internautes. «J’ai remarqué qu’il y a de plus en plus de gens qui essaient d’apprendre la langue. Je reçois même des messages de gens me demandant si je donne des cours particuliers», dit-elle fièrement.

Noura prévoit de créer davantage de contenus en ligne, en transmettant les notions des langues qu’elle maîtrise, depuis son village de Tin Lcaid Ali. «Ici, je peux faire les choses qui me passionnent et en même temps garder un lien avec mes voisins. J’aime mon douar», a déclaré la jeune femme, qui travaille à distance.

Depuis son petit village, Noura a de plus grands rêves pour son parcours polyglotte. Elle envisage d’obtenir une certification et de lancer des sessions de cours en ligne. En attendant, elle vise de nouveaux objectifs : apprendre l’hindi et le japonais.

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