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Grand Angle

Maroc : Managem réfute la présence de pollution à l’arsenic autour de la mine de Bou-Azzer

Le groupe Managem a réagi aux informations concernant une présence de pollution à l’arsenic causée par la mine de Bou-Azzer, en rejetant des «allégations infondées». Depuis quelques jours, le groupe automobile allemand BMW a été épinglé, étant donné que l’activité d’extraction minière lui fournit du cobalt, composante nécessaire à la fabrication des batteries électriques pour les voitures.

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Photo d'illustration / DR.
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Le groupe Managem a réfuté «catégoriquement les allégations infondées concernant l’exploitation de la mine de Bou-Azzer», indiquant ce mercredi que depuis le démarrage de la mine, «aucune déclaration de maladie professionnelle, en lien avec l’arsenic, n’a été enregistrée et aucune pathologie liée à l’arsenic, dans la région de la mine de Bou-Azzer, n’a été déclarée». Il y a quelques jours, le quotidien allemand Süddeutsche Zeitung a pointé la présence de pollution, tout en soulignant que l’exploitant marocain était le fournisseur de cobalt de groupes automobiles, notamment BMW. Pour Managem, ces données sont «totalement infondées et ne reposent sur aucune base factuelle».

Lundi 13 novembre, BMW a annoncé avoir ouvert une enquête sur les informations rapportées par la presse allemande, qui fait état notamment de «rejet de grandes quantités d’arsenic toxique dans l’environnement» près de la mine de Bou Azzer, au sud du Maroc. Parue la veille dans les médias NDR, WDR et Süddeutsche Zeitung, une investigation journalistique à ce sujet a été publiée aussi par le site français Reporterre, ainsi que Hawamich au Maroc. «BMW a immédiatement ouvert une enquête et a demandé à la direction de Managem de fournir des explications», a fait savoir le groupe automobile par le biais de ses porte-paroles.

Un deuxième groupe automobile a déjà prévu des audits indépendants

Depuis 2021, les dispositions juridiques en Allemagne obligent les entreprises du pays à la vigilance permanente, en matière de respect des normes environnementales et sociales, sur les sites de leur activité de production ou même sur ceux de leurs fournisseurs.

C’est dans ce contexte qu’en cas de faute du fournisseur, BMW a indiqué qu’elle exigerait «des mesures correctives immédiates», tout en soulignant prendre «les possibles violations» de ces normes «au sérieux». Exposant les précautions techniques et environnementales prises dans le cadre de son activité minière, le groupe Managem a quant à lui dit se réserver «le droit d’engager des poursuites judiciaires contre les auteurs de ces allégations sans fondement».

Cité par les médias allemands dans leur enquête, le chimiste Wolf von Tümpling, du centre Helmholtz pour la recherche environnementale de Magdebourg (Allemagne) a évoqué «une concentration d’arsenic très élevée» dans un échantillon d’eau, prélevé dans la vallée proche de la mine. Selon les mêmes données, des «salariés actuels et anciens de la mine» affirment que le fournisseur aurait dérogé aux «normes internationales de protection des travailleurs», tout en «ignorant les critiques des syndicats».

Scellé en 2020, le contrat qui lie Managem à BMW pour fournir du cobalt dure jusqu’en 2025, avec une valeur globale de 100 millions d’euros. En 2022, un autre groupe automobile, le français Renault, a emboîté le pas au constructeur allemand, pour se fournir en composantes utilisées dans la fabrication de batteries électriques de voitures. Si le montant de ce nouvel accord n’a pas été communiqué, Renault assure d’ores et déjà auprès de l’AFP que les mesures ont été prises pour mettre en conformité son approvisionnement avec les dispositions légales. Selon la même source, l’activité devrait démarrer en 2025 et elle prévoit, en amont, des audits indépendants.

Le groupe Managem dit respecter les normes de qualité

Dans sa réponse aux éléments relayés à ce sujet, le groupe Managem a évoqué notamment la question de la pollution à l’arsenic, indiquant qu’«une présence naturelle dans la région a toujours été prise en considération dans les différents plans» du groupe. Ce dernier a indiqué «y apporter des solutions techniques adéquates», notamment par la mise à niveau des infrastructures pour «concrétiser l’engagement zéro impact sur l’environnement». Ce processus concerne d’ailleurs «les bassins de rétention d’eau qui peuvent engendrer, dans certaines circonstances, des infiltrations résiduelles minimes sans danger pour la nature», selon un communiqué.

Concernant la situation des travailleurs du site épinglé, Managem souligne que «le minerai est manipulé depuis son extraction jusqu’à son traitement final dans le respect des règles de protection du personnel minier, qu’il s’agisse de mesures de protection collective (système d’aérage de la mine souterraine) ou de la mise à disposition de l’ensemble des collaborateurs, y compris le personnel en sous-traitance, d’équipements de protection individuelle (EPI) adaptés aux risques de chaque poste de travail». Dans ce sens, «un suivi continu de la santé des collaborateurs, y compris le personnel en sous-traitance, est effectué à travers des bilans et des visites médicales, à raison de deux visites par personne et par an couvrant la totalité des effectifs».

Selon le groupe, l’extraction minière, entre la foration sous eau et le traitement par voie humide sans dégagement de poussières, se déroule aussi dans des conditions qui «garantissent la sécurité des travailleurs tout au long du cycle minier». «Ainsi, le minerai extrait du gisement de Bou-Azzer, qu’il soit souterrain ou au niveau de l’usine, se présente sous une forme stable sans risque d’exposition pour la santé», indique Managem, ajoutant que depuis le démarrage de l’activité, «aucune déclaration de maladie professionnelle, en lien avec l’Arsenic, n’a été enregistrée».

Pour ce qui est de la qualité des eaux, Managem a indiqué que les études et audits menés annuellement dans le cadre de la certification ISO avaient conclu que «les analyses des métaux lourds et éléments traces» ne montraient «aucune anomalie de concentration dépassant les normes pour les eaux potables et d’irrigation». Dans ce sens, le groupe a évoqué les investissements «réalisés pour la captation des eaux au sein du site industriel, et leur réinjection dans le circuit de procédé». Dans ce sens, «le taux de recyclage de l’eau atteint ainsi 93%».

Dans un autre registre, l’exploitant minier a affirmé appliquer «les standards internationaux les plus élevés en matière de protection de l’environnement, de pratiques sociales et de gouvernance», d’autant que «la mine de Bou-Azzer est certifiée selon des normes internationales (ISO 45001, ISO 14001, ISO 9001, ISO 26000, Label RSE, RMI) par les organismes de référence témoins de sa mise en œuvre effective des normes» en matière de qualité, de sécurité et de respect de l’environnement.

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