Menu

Grand Angle

Attentats de Paris : Mediapart passe sous silence le rôle du Maroc dans la localisation d’Abaaoud

Sur les traces du RMC et BFMTV en février 2016, Mediapart a passé sous silence, dans sa dernière enquête sur les attentats de Paris du 13 novembre 2015, le rôle du Maroc dans la localisation du djihadiste Belgo-marocain Abdelhamid Abaaoud.

Publié
Abu Omar (Abaaoud coordinateur attentats de Paris) avec le Français Abu Tamima et le Belge Abu Mehdi / Archive - DR
Temps de lecture: 3'

Mediapart est revenu sur les attentats de Paris du 13 novembre 2015. Une enquête qui met exclusivement en évidence «l’action, jusqu’ici cachée, de la DGSE (Direction Générale de la Sécurité Extérieure)» dans l’élimination, le 18 novembre 2015 à Saint-Denis, du djihadiste Belgo-marocain Abdelhamid Abaaoud, considéré comme étant le cerveau de «la pire tuerie commise en France depuis la Seconde Guerre mondiale».

Comme d'autres médias à l'époque, Mediapart affirme qu’une «femme prénommée Soraya» a livré de précieuses informations à la Sous-Direction antiterroriste (SDAT) de la police judiciaire sur Hasna Aït Boulahcen, qui cherche à cacher son cousin, Abdelhamid Abaaoud. «Soraya donne aussi des détails sur de nouvelles attaques qui pourraient avoir lieu».

«Ce qui n’a jamais été dit : la DGSE a une écoute qui conforte le témoignage de Soraya (…) L’écoute concerne Hasna Aït Boulhacen», la cousine d’Abaaoud, précise le site d'investigation. La DGSE avait également une «taupe» au sein de l’organisation de l’Etat islamique, qui aurait confirmé «le lien de parenté entre le Belge Abdelhamid Abaaoud et la Française Hasna Aït Boulhacen».

Pour rappel, quatre mois après les attentats de Paris du 13 novembre 2015, RMC et BFMTV ont avancé la piste d’une «jeune femme», présentée comme une amie de Hasna Aït Boulahcen, qui aurait conduit la police à la planque d’Abaaoud à Saint-Denis. Dans son récit, la «jeune femme» avait même affirmé avoir eu une discussion avec le terroriste, après la commission des attentats de Paris.

Le rôle du Maroc dans la localisation d’Abaaoud passé sous silence

Dans leur enquête, RMC et BFMTV avaient passé sous silence tout apport des rendeignements marocains. Pour mémoire, l’ancien ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, a confirmé, seulement le 16 novembre 2015, «qu'un pays hors d'Europe» a signalé qu’Abdelhamid Abaaoud aurait séjourné un temps en Grèce, mais sans préciser de quel pays il s'agissait.

Les parties françaises -médiatiques et officielles- ont passé sous silence le fait que le police marocaine avait mis la main, en octobre 2015, sur Yassine, le frère cadet d’Abdelhamid Abaaoud. Une arrestation révélée par une source sécuritaire marocaine, une semaine après les attentats de Paris.

Or face à ce silence gouvernemental français, «un responsable sécuritaire marocain» a tenu à mettre l’accent sur le rôle du royaume, dans des déclarations à RFI. «Le Maroc a bien aidé à alerter Paris de la présence du Belgo-marocain Abdelhamid Abbaoud sur le territoire français et a ainsi contribué à déclencher l’opération des forces de l’ordre à Saint-Denis, en banlieue parisienne, au cours de laquelle il a été abattu. Selon ces informations, le Maroc a également permis à la France de s’orienter très rapidement sur la piste belge», écrivait alors la Radio publique.

Si en novembre 2015, le royaume avait opté d’agir sous le couvert d’anonymat pour valoriser son action dans la neutralisation d’Abdelhamid Abaaoud, la méthode a depuis changé. Le 6 avril 2021, le porte-parole de la Direction générale de sûreté nationale (DGSN) révélait que les renseignements marocains ont transmis aux Français des informations précises sur un projet d’opération terroriste visant une église à Montpellier. Une communication qui intervient  seulement deux jours après l'interpellation par les autorités françaises de cinq femmes à Béziers, dénotant ainsi une volonté du Maroc de rendre public son rôle dans l’avortement du projet terroriste.

Trois jours après cette sortie, une source sécuritaire française a souligné auprès de l’AFP la «coopération particulièrement dense et très confiante» avec le Maroc. Contrairement aux autorités françaises, le FBI et la CIA ont salué, en février 2021, dans un message adressé au chef de la DGST, «la coopération et l'important soutien apporté par la Direction générale de la surveillance du territoire, notamment les renseignements précis qui ont été fournis en temps opportun, et qui ont permis de contribuer à la neutralisation d'un dangereux terroriste».

Des remerciements qui font suite aux informations fournies par le Maroc ayant permis au FBI et à la CIA d’interpeller, le 19 janvier de la même année, un soldat américain, Cole James Bridges, converti à l’islam qui projetait de commettre un attentat au nom de Daesh. L'Espagne aussi reconnait, depuis des années, l'apport du royaume dans la démantèlement de cellules terroristes.

Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com