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Grand Angle

Catastrophes naturelles : Comment la gestion des urgences permet de réduire les risques ?

Le panel inaugural de la deuxième conférence africaine sur la réduction des risques en santé, qui se tient à Marrakech, a été consacré à la gestion des urgences et à la réduction des risques, dans le contexte des catastrophes naturelles. Trois semaines après le séisme survenu dans la région et ayant fait près de 3 000 morts, le sujet a été abordé par des professionnels de la santé, mais aussi des responsables des secours, ainsi que des chercheurs en géologie et en sismologie.

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La réduction des risques et la gestion des urgences, en cas de catastrophes naturelles, exige une réponse multidimensionnelle à travers l’intervention de diverses compétences. Outre l’aspect sanitaire et de secours, cette action fait appel, sur le temps long, au savoir-faire d’une communauté scientifique plus large, incluant les géologues et les sismologues, entre autres. C’est ce qu’a permis de mettre en avant le panel inaugural des travaux de la deuxième conférence africaine sur la réduction des risques en santé, qui se tient à Marrakech jusqu’au 29 septembre 2023. Cette séance a été marquée par les interventions de spécialistes et de chercheurs de plusieurs pays, notamment du Maroc, d’Afrique du Sud, de Turquie ou des Etats-Unis.

Trois semaines après le séisme survenu au Maroc et ayant fait près de 3 000 morts, surtout dans la région de Marrakech-Safi, le sujet a été abordé dans le contexte de cette actualité, qui laisse place désormais à un programme de reconstruction sur cinq années. L’occasion a ainsi été d’échanger sur les expériences d’ici et d’ailleurs dans le contexte des catastrophes naturelles, mais aussi de décloisonner les domaines de compétences. Président de cette séance, docteur en biologie spécialisé en immunologie, biologie moléculaire et hématologie médico-légale, le professeur Saïd Amzazi a salué la gestion «proactive et efficiente» du pays, en soulignant les actions gouvernementales sous instructions royales, outre les efforts menés sur le terrain et dans l’immédiat, par les autorités locales, l’armée et la gendarmerie royales, mais également les citoyens et la société civile, qui ont montré un élan de solidarité devenu «une leçon d’humilité», selon lui.

A cette occasion, l’ex-ministre de l’Education nationale et de l’enseignement supérieur (2018 – 2021) a appelé les chercheurs à mener une réflexion sur la base des études d’évaluation de ce séisme. Dans ce sens, il a souligné que cette conférence était «une opportunité précieuse» pour bénéficier des expertises des uns et des autres, que ce soit en secourisme, en sismologie, en médecine de catastrophe ou en matière d’accompagnement psychologique, de manière à améliorer continuellement la gestion des catastrophes naturelles et leurs effets multidimensionnels.

Tirer les leçons du récent séisme pour actualiser la gestion des catastrophes

Lahcen Ait Brahim, sismologue, professeur expert en gestion des risques à l’Université Mohammed V de Rabat, est intervenu lors de ce panel, en soulignant l’importance de tirer des conclusions à chaque sinistre, afin d’améliorer continuellement la réponse aux catastrophes naturelles dans le pays. Dans ses déclarations à Yabiladi, il a également mis en avant le rôle des échanges des bonnes pratiques à partir des divers domaines de compétences (santé, sécurité, recherche universitaire).

«Après le séisme d’Al Hoceïma en 2004, il s’est avéré que certaines défaillances ont été rectifiées grâce à des cycles de mise à jour transversale sur ce sujet. Ce processus a pu voir le jour à la suite de réunions entre les différents intervenants dans la gestion de ces situations, par le biais de cellules affiliées aux Wilayas de chaque région, réunissant notamment autorités locales, Protection civile, Gendarmerie royale et autorités sanitaires. Ces acteurs ont été conscients de l’importance de la formation dans la gestion des risques, d’où des experts et des chercheurs ont été associés, pour la mise en place d’un programme relevant de la direction d’hygiène du ministère de la Santé, en collaboration avec l’Organisation mondiale de la santé (OMS)», a souligné Pr Ait Lahcen.

Selon l’expert, «ce programme a permis d’associer directeurs régionaux de la Santé et commissions mixtes régionales, pour actualiser et transmettre des bonnes pratiques, avec des simulations et des immersions». Ainsi, il estime que «ce processus déjà opéré depuis peut aujourd’hui permettre une mise à jour sur ces bonnes pratiques, à la suite de l’expérience et des enseignements tirés après le séisme d’Al Haouz».

Apporter des réponses adaptées à chaque situation

Dans ce contexte, adopter une méthodologie pour une réponse maîtrisée à la suite de sinistres de grande ampleur permet notamment de limiter les actions contreproductives, souligne de son côté Ali Kettani, professeur d’anesthésie-réanimation à la Faculté de médecine et de pharmacie de Rabat, chef de service du SAMU01 au Centre hospitalier universitaire (CHU) Ibn Sina de Rabat.

Intervenant aussi lors de cette séance, le médecin a abordé notamment la gestion à distance de la catastrophe, afin de mieux savoir comment réagir lorsqu’on est loin du lieu du drame. «Au lieu d’y aller à tout prix, quitte à être parfois contreproductif, il vaut mieux suivre des protocoles déjà étudiés. La médecine de catastrophe est une science qui le permet, qui montre l’importance de savoir se mettre à disposition des équipes sur place, les aider quand elles en ont le plus besoin et savoir rester en retrait lorsqu’elles maîtrisent la gestion et l’intervention sur place», a-t-il souligné. Pour le professeur, cette rencontre est d’ailleurs une «occasion de rencontrer différentes spécialités d’ici et d’ailleurs, afin de partager les expériences à ce sujet».

La deuxième conférence africaine sur la réduction des risques en santé sous le thème «Santé en Afrique : Eau, environnement et sécurité alimentaire» sera marquée, ce jeudi aprèst-midi, par la cérémonie d’inauguration officielle. Cette rencontre met en avant «la réalité des systèmes de santé et de sécurité alimentaire en Afrique», de manière à «développer un cadre africain commun basé sur les expériences des pays et les avis des experts» de la santé publique, tout en discutant «les mesures efficaces pour prévenir et atténuer les effets des crises sanitaires sur les plans humanitaire, social, politique et économique».

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