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Grand Angle

Sommet Russie – Afrique : Malgré les pressions, Moscou n’a pas invité le Polisario au tour de table

Comme lors des sommets de la Chine et de l’Inde avec l’Afrique, le Front Polisario est absent du Sommet Russie – Afrique, qui se tient les 27 et 28 juillet à Saint-Pétersbourg. La présence du mouvement séparatiste aux rencontres continentales extérieures est souvent passée à la trappe, à l’heure où les parties extérieures au continent veillent à l’équilibre de leurs relations avec le Maroc.

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Le président russe intervenant lors du Sommet Russie - Afrique 2023 / Ph. Egor Aleev - TASS
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Contre toutes les attentes du Polisario et à l’instar du premier Sommet Russie – Afrique, tenu les 23 au 24 octobre 2019 à Sochi, le Kremlin n’a pas invité le front séparatiste à participer à la deuxième édition, qui se tient les 27 et 28 juillet 2023 à Saint-Pétersbourg. Cette absence traduit la position de Moscou, qui a ignoré les tentatives de pressions de l’Algérie et l’Afrique du Sud en tant qu’alliés du mouvement dans le continent. L’adjoint du présient russe aux affaires internationales, Iouri Viktorovitch Ouchakov, a confirmé la participation de 49 des 54 Etats africains.

La délégation du Maroc qui prend part au Sommet Russie - Afrique de cette année est conduite par le chef du gouvernement Aziz Akhannouch, qui représente le roi Mohammed VI. Arrivée ce jeudi 27 juillet à Saint-Pétersbourg, elle comprend notamment le ministre des Affaires étrangères, de la coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, Nasser Bourita, ainsi que l’ambassadeur du royaume à Moscou, Lotfi Bouchaara.

Le sommet de cette année se tient dans des circonstances différentes de sa première édition, d’autant qu’il est organisé dans un contexte régional où la guerre entre la Russie et l’Ukraine se poursuit, depuis février 2022.

La Russie équilibre ses relations avec les pays d’Afrique

Grands alliés de Moscou au niveau continental, l’Algérie et l’Afrique du Sud ont précédemment refusé de voter en faveur des résolutions de l’Assemblée générale des Nations unies condamnant l’invasion des territoires ukrainiens par l’armée russe. En échange, ces deux soutiens se sont attendus à ce que Moscou invite le mouvement séparatiste au tour de table du Sommet en cours.

Quelques mois avant la date du Sommet Russie - Afrique 2023, une délégation du parti au pouvoir en Afrique du Sud, le Congrès national africain (ANC), s’est rendue en Russie. Comme à l’accoutumée, la formation a évoqué la question du Sahara occidental, lors de sa rencontre avec des responsables russes. En juin dernier, le président algérien Abdelmadjid Tebboune s’est également rendu à Moscou, où il a rencontré son homologue russe Vladimir Poutine.

Tebboune a saisi l’occasion pour évoquer «la convergence de vues» sur le dossier du Sahara occidental, qui a été abordé entre les deux parties, de même que «la situation dans la région du Sahel et la cause palestinienne». Les médias du Front Polisario, qui considèrent la participation de leur mouvement aux forums et internationaux comme une «victoire» diplomatique aux dépens du Maroc, n’ont cette fois-ci pas commenté la non-invitation de Brahim Ghali par Moscou.

La question du Sahara n’est actuellement pas une priorité pour la diplomatie russe. En proie aux sanctions internationales à son encontre suite à la guerre avec l’Ukraine, Moscou cherche plutôt à se rallier les pays d’Afrique, ou du moins à les pousser à adopter une position neutre vis-à-vis du conflit en cours, comme c’est le cas avec le Maroc.

Moscou parle le langage des intérêts

Lors des votes à l’Assemblée générale des Nations unies pour condamner l’action militaire russe contre l’Ukraine, le Maroc s’est absenté à plusieurs reprises, notamment lors de l’adoption des résolutions les 2 et 24 mars, puis le 7 avril 2022. Par ailleurs, le Maroc est le troisième partenaire de la Russie en Afrique, après l’Egypte et l’Algérie.

Il y a quelques jours, le représentant spécial du président russe pour le Moyen-Orient et l’Afrique, le vice-ministre russe des Affaires étrangères Mikhaïl Bogdanov, a d’ailleurs reçu l’ambassadeur du Maroc à Moscou, Lotfi Bouchaara. Les entretiens ont porté, selon un communiqué de la diplomatie russe, sur «les questions d’actualité et le développement progressif des relations russo-marocaines, traditionnellement amicales, y compris le maintien du dialogue».

Bogdanov a déjà rencontré Bouchaara en janvier dernier. En mai, le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Verchinine, a également reçu l’ambassadeur du Maroc. Au vu des sanctions internationales imposées à Moscou, le royaume autorise les avions russes à atterrir dans ses aéroports pour faire le plein, avant de poursuivre leurs vols vers le reste du continent africain ou vers l’Amérique.

Depuis que l’Union européenne a imposé un embargo sur le carburant russe, le 5 février dernier, le Maroc est devenu par ailleurs l’un des clients les plus importants de Moscou. En mars, la part de marché marocain a constitué 12% des exportations de carburant russe, devançant ainsi la Tunisie (10%) et l’Algérie (8%).

Comme à son accoutumée, le Front Polisario est toujours absent des rencontres dans lesquelles l’entité de l’Union africaine n’est pas partie en tant qu’organisateur, tels que les sommets Chine – Afrique, Etats-Unis – Afrique, Inde – Afrique. Depuis la réintégration du Maroc à l’organisation continentale, en 2017, la situation au sommet Union européenne – Afrique, devenu depuis UE – UA avec la réadmission du royaume, a désormais changé avec l’absence du mouvement, devenue habituelle.

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