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Grand Angle

Coup d’Etat au Niger : L’Algérie soutient Mohamed Bazoum, le Maroc est précautionneux

L’Algérie s’est empressée d’annoncer son soutien au président nigérien Mohamed Bazoum contre la tentative de coup d’Etat, menée mercredi par la garde présidentielle à Niamey. Alors que la situation au Niger reste floue, le Maroc n’a pas encore communiqué sa position officielle. Lors du coup d’Etat de 2022 au Burkina Faso, Rabat n’a réagi aux évènements que trois jours plus tard.

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Le président Mohamed Bazoum / DR.
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Le président du Niger, Mohamed Bazoum, a été arrêté par la garde présidentielle dans la capitale Niamey, mercredi 26 juillet 2023. Quelques heures plus tard sur la télévision publique, un groupe de militaires a annoncé la fermeture des frontières et l’instauration d’un couvre-feu dans le pays. Elu en février 2021, Mohamed Bazoum est considéré comme l’un des derniers dirigeants pro-occidentaux au Sahel, après que des pays comme le Mali et le Burkina Faso ont été témoins, ces dernières années, de coups d’Etat ayant porté l’armée au pouvoir.

De nombreux pays n’ont pas tardé à condamner le coup d’Etat militaire au Niger. Ils ont également appelé à la remise en liberté de Mohamed Bazoum, qui reste encore isolé par un groupe militaire de la garde présidentielle. C’est le cas notamment de l’Algérie, dont le ministère des Affaires étrangères a condamné ce bouleversement, le même jour. Dans un communiqué, la diplomatie algérienne a indiqué suivre «avec une grande inquiétude» l’évolution de la situation.

L’Algérie porte son soutien à Mohamed Bazoum

Dans sa déclaration, le ministère algérien des Affaires étrangères a appelé à «la fin immédiate» de ce qu’il a décrit comme «une atteinte inacceptable au système constitutionnel» du Niger et «une violation grave des exigences de l’Etat de droit». Par ailleurs, il a insisté sur «la nécessité que chacun œuvre pour préserver l’ordre politique et institutionnel», ainsi que la stabilité de la république du Niger.

Par la suite, le ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, a eu un entretien téléphonique avec son homologue nigérien, Massaoudou Hassoumi, afin de «transmettre au président Mohamed Bazoum le soutien et la solidarité de son frère, le président Tebboune, dans cette difficile épreuve que la république sœur du Niger est en train de subir», selon un deuxième communiqué du ministère à Alger.

Le ministre algérien a par ailleurs fait part à son homologue des vœux du président Abdelmadjid Tebboune que le Niger «surmonte rapidement cette épreuve et retrouve le chemin de la stabilité politique et institutionnelle», ajoute la même source. En effet, l’Algérie entretient de bonnes relations avec Mohamed Bazoum, qui s’est rendu à Alger en juillet 2021. Cette visite a d’ailleurs permis aux deux pays de sceller plusieurs accords bilatéraux.

Alger parie également sur Niamey pour concurrencer le projet de gazoduc entre le Maroc et le Nigeria, qui remonte à des décennies et qui a été relancé après la signature d’un accord entre l’ancien président Muhammadu Buhari et le roi Mohammed VI, pour acheminer le gaz nigérian à travers le royaume et un ensemble de pays d’Afrique de l’Ouest.

Le Maroc n’a pas encore réagi à la situation

Au lendemain de ces derniers bouleversements au Niger, le Maroc n’a pas publié de communication officielle. A l’instar des coups d’Etat militaires s’étant produits précédemment dans la région, Rabat attend que la situation soit plus claire. Avant d’officialiser sa position concernant le coup d’Etat au Burkina Faso, voisin du Niger, en septembre 2022, le royaume a attendu trois jours. Dans son communiqué à ce moment-là, le Maroc ne s’est positionné ni en faveur ni en défaveur d’un intervenant ou de l’autre. Il a plutôt appelé «toutes les parties prenantes» à donner la primauté à l’intérêt national de leur pays, à œuvrer pour la sécurité et la stabilité du peuple burkinabé.

Malgré ses bonnes relations avec l’Algérie, Mohamed Bazoum tient à maintenir des liens équilibrés avec le Maroc. En témoigne le ton des communications sanctionnant les rencontres des responsables nigériens avec leurs homologues algériens et qui est dénué de références à la question du Sahara occidental. Cela a été également le cas, à l’issue de la visite de Bazoum en Algérie, en juillet 2021.

En mai 2022, le ministre des Affaires étrangères du Niger a affirmé à Marrakech le soutien de son pays au processus politique de règlement du différend régional sur le Sahara, sous l’égide des Nations unies. Il a par ailleurs salué les efforts déployés par le Maroc pour régler ce dossier. En décembre de la même année, le ministre de la Communication chargé des relations avec les institutions du Niger, Mahamadou Laoualy dan Dano, a affirmé que la position du Niger sur la question du Sahara était «expresse et claire». Il a souligné que son pays était «un ami de longue date du Maroc et il le restera».

Pour l’heure, la situation à Niamey reste trouble. Outre l’Algérie, le président de la Commission de l’Union africaine (UA), Moussa Faki Mahamat, a condamné le coup d’Etat, tout comme la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), le président nigérian Asiwaju Bola Tinubu, le gouvernement français et l’Union européenne (UE).

Aux Etats-Unis, la Maison Blanche a fait part de son inquiétude quant à l’évolution du conflit. Dans ce sens, Washington a exigé la libération de Mohamed Bazoum. Ce jeudi 27 juillet, la Russie a également réagi à travers sa diplomatie, qui a appelé à un «dialogue constructif et pacifique», tout en souhaitant la «libération rapide» de Mohamed Bazoum.

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