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Grand Angle

Sahara : Sous pression électorale, Pedro Sánchez ménage la chèvre et le chou

Après avoir ouvertement défendu, le 8 juin 2022 devant les députés, son soutien au plan marocain d’autonomie au Sahara occidental, Pedro Sánchez tente de ménager la chèvre et le chou, dans le contexte de la campagne électorale des législatives. Il assure ce mardi que «rien n’a changé».

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Le Président du gouvernement espagnol Pedro Sánchez / DR.
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Jamais la question du Sahara occidental n’a été autant au centre d’une campagne électorale en Espagne, comme les législatives anticipées du 23 juillet. Ce mardi 4 juillet, dans une interview accordée à la chaîne Telecinco, le Président du gouvernement Pedro Sánchez a dû expliquer son soutien au plan marocain d’autonomie au Sahara occidental.

Sous pression de la droite et de l’extrême gauche, Sánchez a ainsi tenté d'aténuer les critiques en niant tout changement dans la position de l’Espagne sur cette question. «De Zapatero à Mariano Rajoy, et moi aujourd'hui, la position du gouvernement sur le Maroc et le Sahara occidental n’a pas changé», a-t-il soutenu.

«Si vous regardez la position du gouvernement espagnol sur le Sahara occidental, elle est la même que la France, les Pays-Bas, et de nombreux pays de l’Union européenne, mais aussi les Etats-Unis», a-t-il souligné, ajoutant par ailleurs que «la relation avec le Maroc est fondamentale».

Le contexte électoral dicte sa loi

Le contexte de la campagne des législatives anticipées impose au Premier ministre d’adopter ce discours, qui tranche avec les propos exprimés par le même Pedro Sánchez, notamment le 8 juin 2022. Auditionné ce jour-là devant la Chambre basse du Parlement espagnole, en réponse à une demande présentée alors par les députés du Parti populaire, il a souligné que l’Espagne avait «un intérêt particulier» à résoudre le différend. «47 ans de conflit devraient suffire pour comprendre qu’il faut faire bouger nos positions (…) Après plusieurs décennies, de nombreux pays ont compris quelle est la solution la plus réaliste», a-t-il insisté. Par la même occasion, Sánchez a qualifié la reprise des relations avec le Maroc suite à son appui à l’initiative marocaine d’autonomie au Sahara, de «question d’Etat».

La semaine dernière, Pedro Sánchez a indiqué dans une interview donnée à la chaîne La Sexta que l’Espagne devrait être «dans cette attitude constructive», d’autant que «la communauté internationale, les Etats-Unis et les principaux pays européens disent qu’il faut trouver d’autres moyens de résoudre ce conflit au sein de l’ONU, et toujours en partant du principe qu’il doit s’agir d’une solution convenue par les parties du conflit».

Cette ligne de défense n’est pas sans rappeler celle de l’ancien chef de la diplomatie des Etats-Unis, Mike Pompeo, pour justifier la reconnaissance par le président Donald Trump de la souveraineté marocaine sur le Sahara. «Durant des décennies, les administrations américaines n’ont pas réussi à résoudre le conflit entre le Maroc et le Sahara occidental, car elles ne voulaient pas prendre de risques. Nous l’avons fait, dans l’intérêt de la paix», avait-il indiqué. Ce mardi, Pedro Sánchez a par ailleurs rejeté tout lien entre son soutien au plan marocain d’autonomie au Sahara et l’espionnage supposé de son téléphone par le logiciel israélien Pegasus.

Hier, une société privée a déployé une grande banderole à Madrid, sur laquelle apparaît une image du Président du gouvernement avec le message suivant : «Casse-toi au Maroc», «Desokupa à la Moncloa !». Autant dire que la pression sur Pedro Sánchez n’émane pas uniquement de la droite et de l’extrême gauche.

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